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Irak: la crise depuis le référendum kurde


Mardi 19 decembre 2017 à 19h45

Souleimaniyeh (Irak), 19 déc 2017 (AFP) — Le Kurdistan irakien, en proie à de violentes manifestations, est en crise ouverte avec le pouvoir central à Bagdad depuis la tenue en septembre d'un référendum d'indépendance kurde.

Le "oui" à l'indépendance l'avait largement emporté, mais Bagdad n'a jamais reconnu ce résultat ni le scrutin lui-même. Et la Cour suprême irakienne a jugé que le référendum kurde était anticonstitutionnel.

- Vote historique -

- 25 sept: Le "oui" l'emporte sans surprise avec près de 93% des voix au référendum d'indépendance, organisé malgré l'opposition de Bagdad, la pression des pays voisins et les critiques internationales.

Le scrutin s'est tenu non seulement au Kurdistan, qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones disputées, comme la région pétrolière de Kirkouk.

- Ultimatum, sanctions -

- 26 sept: Le Premier ministre Haider al-Abadi annonce que Bagdad interdira "les vols internationaux depuis et vers le Kurdistan si les aéroports ne sont pas remis au gouvernement central".

Massoud Barzani appelle Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue", assurant que le référendum ne vise pas à "délimiter la frontière (avec l'Irak) ni à l'imposer de facto".

- 27 sept: Les députés votent en faveur de la fermeture des postes-frontières hors de l'autorité de l'Etat. Ils demandent au Premier ministre de "prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir l'unité de l'Irak".

Le gouvernement du Kurdistan dénonce une "punition collective".

- 29 sept: Les liaisons aériennes --hors vols humanitaires, militaires ou diplomatiques-- entre le Kurdistan irakien et l'étranger sont coupées sur ordre de Bagdad.

Les Etats-Unis affirment qu'ils "ne reconnaissent pas" le référendum et appellent à la retenue.

- 30 sept: L'Iran gèle les échanges de produits pétroliers.

- Reprise de Kirkouk -

- 10 oct: Les autorités irakiennes décident de réhabiliter un oléoduc sous leur contrôle reliant la province de Kirkouk au port turc de Ceyhan.

- 13 oct: Les forces gouvernementales lancent des opérations militaires dans la province de Kirkouk et reprennent des premières positions tenues depuis trois ans par les combattants kurdes.

- 15 oct: Les autorités kurdes ignorent les exigences de Bagdad sur le retrait des peshmergas de Kirkouk et l'annulation du référendum. Après expiration d'un ultimatum, l'armée progresse rapidement en direction des champs pétroliers de la province et reprend des routes et des infrastructures.

- 17 oct: Cinq des six champs de la province de Kirkouk sont sous le contrôle des autorités de Bagdad, après le retrait des forces kurdes.

- 20 oct: Le dernier secteur de Kirkouk encore aux mains des peshmergas est repris par Bagdad.

- Barzani contraint au départ -

- 23 oct: Erbil délivre des mandats d'arrêt contre 11 personnalités irakiennes en réaction à des mesures similaires de Bagdad envers des dirigeants kurdes.

- 25 oct: Le Kurdistan irakien propose de "geler les résultats" de son référendum. Le lendemain, M. Abadi affirme qu'il acceptera "uniquement l'annulation du référendum".

- 29 oct: Massoud Barzani annonce qu'il ne sera plus président "après le 1er novembre". Il dénonce une "haute trahison nationale", faisant référence sans les nommer aux dirigeants du parti rival de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) dont les combattants s'étaient retirés, le 16 octobre, sans combat de la province de Kirkouk. Des dirigeants de l'UPK avaient indiqué s'être mis d'accord avec Bagdad sur un tel retrait.

- 20 nov: La Cour suprême irakienne déclare "anticonstitutionnel" le référendum d'indépendance.

- Manifestations de colère -

Le 18 décembre, des manifestants kurdes incendient le siège des cinq principaux partis politiques du Kurdistan, ainsi qu'un bâtiment des services de sécurité dans la province de Souleimaniyeh pour protester contre la corruption et exiger la démission du gouvernement régional.

Le 19, de nouvelles manifestations ont lieu au Kurdistan irakien, où les protestataires brûlent les sièges des partis politiques. Les affrontements entre forces de l'ordre et manifestants font au moins cinq morts par balles et près de 200 blessés, selon des sources médicales.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.