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Irak: la crise depuis le référendum kurde


Lundi 16 octobre 2017 à 10h50

Erbil (Irak), 16 oct 2017 (AFP) — Les autorités irakiennes qui ont lancé lundi l'opération "restauration de la sécurité de Kirkouk", et la région autonome du Kurdistan sont en crise ouverte depuis le référendum du 25 septembre sur l'indépendance kurde.

La province pétrolière de Kirkouk (nord), que se disputent Bagdad et Erbil, a participé au référendum organisé à l'initiative du président du Kurdistan autonome Massoud Barzani, contre l'avis de Bagdad.

- Vote historique -

- 25 sept: le "oui" l'emporte sans surprise avec près de 93% des voix au référendum d'indépendance.

Le scrutin s'est tenu non seulement au Kurdistan (nord), qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones disputées avec le gouvernement central irakien.

- Ultimatum de Bagdad -

- 26 sept: le Premier ministre Haider al-Abadi annonce que "le gouvernement a décidé d'interdire les vols internationaux depuis et vers le Kurdistan dans trois jours si les aéroports ne sont pas remis au gouvernement central".

Massoud Barzani appelle Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue", assurant la communauté internationale que le référendum ne vise pas à "délimiter la frontière (entre le Kurdistan et l'Irak) ni à l'imposer de facto".

- 27 sept: Haider al-Abadi affirme que ce référendum doit "être annulé" et un dialogue ouvert.

Les députés votent en faveur de la fermeture des postes-frontières se trouvant hors de l'autorité de l'Etat. Ils demandent au Premier ministre de "prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir l'unité de l'Irak" et réitèrent leur exigence d'un envoi des forces de sécurité dans les zones disputées.

Le lendemain, le gouvernement du Kurdistan dénonce une "punition collective".

- Liaisons coupées -

- 29 sept: les liaisons aériennes entre le Kurdistan irakien et l'étranger sont coupées sur ordre de Bagdad. Cette interdiction ne concerne pas les vols humanitaires, militaires et diplomatiques.

M. Abadi indique qu'il ne s'agit "pas d'une punition mais d'une mesure légale".

Les Etats-Unis affirment qu'ils "ne reconnaissent pas" le référendum et appellent toutes les parties au dialogue et à la retenue.

- 30 sept: l'Iran gèle les échanges de produits pétroliers.

- 'Direction politique' -

- 1er oct: le Kurdistan décide de remplacer son Haut conseil du référendum par un organe baptisé "Direction politique du Kurdistan". Présidé comme le précédent par Massoud Barzani, il va être chargé, selon un de ses membres, de "gérer les conséquences du scrutin, notamment les relations avec Bagdad et les pays voisins".

- 5 oct: Haider al-Abadi affirme qu'il ne veut pas de "confrontation armée" et appelle les peshmergas (combattants kurdes) à continuer à combattre au côté des forces irakiennes.

- Opération militaire -

- 10 oct: l'Irak décide de réhabiliter un oléoduc sous son contrôle reliant la province de Kirkouk au port turc de Ceyhan.

- 11 oct: un tribunal de Bagdad demande l'arrestation des organisateurs du référendum, à la demande du gouvernement irakien.

- 13 oct: les forces gouvernementales lancent des opérations militaires dans la province de Kirkouk. Elles progressent dans le sud de cette province, reprenant des positions occupées depuis trois ans par les combattants kurdes.

- 14 oct: les forces irakiennes donnent aux combattants kurdes un ultimatum pour se retirer sur leurs positions d'avant 2014 dans la province de Kirkouk. Washington tente de calmer les tensions.

- 15 oct: nouvel ultimatum irakien et réunion des principaux dirigeants kurdes. Ces derniers ignorent les exigences de Bagdad sur le retrait des peshmergas de Kirkouk et l'annulation du référendum d'indépendance.

16 oct: les troupes gouvernementales font mouvement et progressent dans la province, reprenant le contrôle d'infrastructures militaires et pétrolières qui étaient aux mains des Kurdes.

Des échanges de tirs sont signalés entre militaires irakiens et kurdes au sud de la ville de Kirkouk.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.