Lundi 27 juillet 2009 à 21h16
SOULEIMANIYEH (Irak), 27 juil 2009 (AFP) — Le chef de fil des contestataires kurdes Noucherwan Moustapha a accusé lundi les partisans du président de la région du Kurdistan, Massoud Barzani, de s'être livrés à des fraudes massives pour truquer les élection législatives de samedi.
"Nous vous demandons de faire pression sur les autorités du Kurdistan afin de mettre un terme à la campagne de fraudes et de provocations menée par les forces du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) à Erbil et Dohouk", affirme-t-il dans un communiqué adressé notamment au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, aux ambassadeurs des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, à des représentants de l'Union européenne et à la présidence irakienne.
Il demande à la Commission électorale, qui a qualifié les élections de "transparentes", d'"être neutre et d'empêcher la publication de résultats frauduleux".
Dans la nuit de dimanche à lundi, trois bureaux de la liste de M. Moustapha, "Goran" (Changement en kurde) à Erbil ont été attaqués par des partisans du PDK.
"Des gens ont tiré en l'air près de nos bureaux avant de pénétrer dans trois bureaux, cassant tout et collant sur les murs des photos de (Massoud) Barzani", a affirmé à l'AFP Othman Dachki, un membre de Goran.
Un correspondant de l'AFP présent dans l'une des permanences a constaté que des portes et des fenêtres avaient été cassées.
Selon M. Dachki, des partisans du PDK ont aussi tenté de prendre d'assaut les bureaux de la chaîne de télévision Kurdistan News Network (KNN), affiliée à Goran, mais les forces de sécurité les en ont empêchés.
Selon des résultats non officiels, la liste de M. Moustapha obtiendrait au moins 28 des 111 sièges au nouveau Parlement tandis que la liste "Kurdistania", du PDK et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), obtiendrait 54 à 55 sièges.
Les deux partis historiques, qui ont vu leur hégémonie sur la politique du Kurdistan ébranlée, pourraient s'appuyer sur les 11 sièges réservés aux minorités.
La commission électorale a décidé de repousser à une date indéterminée l'annonce des résultats préliminaires des élections prévus lundi.
Le Premier ministre du Kurdistan, Nichervan Barzani, neveu de Massoud Barzani, a condamné les tentatives de jeunes du PDK de pénétrer par effraction au siège d'un autre parti, l'Union islamique du Kurdistan à Erbil.
Il n'a toutefois pas soufflé mot de la mise à sac de bureaux de Goran.
"Nous prendrons les mesures nécessaires et le ministère (kurde) de l'Intérieur a formé un comité pour enquêter (...) Le gouvernement n'acceptera jamais ce genre d'incident", a-t-il dit.
"J'avais cru que notre peuple avait atteint une maturité (politique) mais je constate que ce n'est pas le cas", a-t-il dit aux journalistes à Erbil, capitale du Kurdistan, condamnant la mort d'une personne tuée par des tirs de joie à l'annonce de résultats par les partis.
L'Union islamique du Kurdistan a formé avec la Jamaa islamiya -un mouvement salafiste- le parti socialiste kurde et le parti du prolétariat du Kurdistan la liste "Services et Réformes", qui espère obtenir 17 sièges.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.