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Irak: Interdiction des réunions électorales nocturnes au Kurdistan


Vendredi 19 février 2010 à 17h39

SOULEIMANIYEH (Irak), 19 fév 2010 (AFP) — Le fief du président Jalal Talabani au Kurdistan irakien connaît un tel degré de violence depuis le lancement de la campagne des législatives du 7 mars que la Commission électorale a annoncé vendredi l'interdiction des réunions politiques en soirée.

"La Haute Commission électorale (HIEC) de la province de Souleimaniyeh interdit à partir de vendredi toute réunion électorale entre 21H00 (18H00 GMT) et 06H00 (03H00 GMT) pour permettre la bonne tenue de la campagne et protéger les citoyens", affirme cet organisme dans un communiqué.

Cette décision, précise-t-il, a été prise sur recommandation du comité de sécurité de la province et toute infraction sera punie. Ce comité de sécurité est contrôlé par l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du chef de l'Etat irakien Jalal Talabani.

Depuis son lancement il y a une semaine, la campagne a pris un tour violent en raison d'une compétition sans précédent entre l'UPK et ses dissidents regroupés sur la liste Goran (changement).

Jeudi soir, selon un porte-parole de l'UPK, des partisans de Goran ont jeté des pierres sur le convoi de deux dirigeants de l'UPK, Mollah Bakhtiar et Imad Ahmad, à Souleimaniyeh.

Mardi, trois partisans de Goran ont été blessés par des tirs au cours d'une réunion électorale perturbée par des membres des forces de sécurité de l'UPK, selon la liste dissidente.

Onze personnes proches de Goran ayant tiré en l'air lors de cette réunion ont été libérées jeudi après deux jours d'incarcération, a indiqué pour sa part un porte-parole du comité de sécurité de la province.

"Nous considérons que la décision de la commission électorale n'est pas professionnelle mais résulte de pressions politiques et peut-être que l'UPK est derrière cette décision", a affirmé à l'AFP Latif Moustafa, tête de la liste Goran à Souleimaniyeh.

"Il faut que l'HIEC enquête sur l'utilisation de milices dans la campagne et si ce fait est avéré elle doit disqualifier les partis politiques auxquels elles sont liées", a-t-il ajouté faisant allusion à l'UPK.

En revanche son rival de la Liste Kurdistaniya (qui regroupe le PDK et l'UPK), Farhad Mollah Rassoul a assuré qu'il allait se conformer à la décision de la commission électorale. "Je demande aux autres listes plus d'efforts pour éviter que la haine entre Kurdes se développe", a-t-il dit.

Pour la première fois en 30 ans de règne sur le Kurdistan, l'UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dirigé par le président de la région Massoud Barzani, font face à une liste dissidente pour les législatives du 7 mars.

L'enjeu est considérable car si Goran obtient un bon score, les deux grands partis perdront le rôle incontournable qu'ils ont depuis quatre ans.

En 2005, en raison du boycottage des sunnites, les deux grands partis et les islamistes kurdes avaient remporté 58 des 275 sièges à l'Assemblée.

Dans le nouveau Parlement, qui comptera 325 sièges, les Kurdes sont assurés de remporter les 41 sièges attribués à leurs trois provinces du nord et pourront glaner dans les autres provinces et au niveau national une dizaine de sièges supplémentaires.

En juillet, Goran a créé la surprise en se hissant à la deuxième place lors des élections au Parlement kurde, grâce à une campagne axée sur la lutte contre la corruption et l'hégémonie des deux partis historiques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.