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Irak: HRW dénonce des destructions de maisons d'Arabes par les Kurdes


Dimanche 13 novembre 2016 à 12h39

Bagdad, 13 nov 2016 (AFP) — Les forces kurdes irakiennes ont détruit des habitations d'Arabes et dans certains cas des villages entiers dans les territoires disputés du nord de l'Irak, a déploré dimanche Human Rights Watch (HRW).

Les forces kurdes ont profité ces dernières années d'opérations lancées contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) pour reprendre et consolider leur présence dans des territoires disputés entre eux et le gouvernement fédéral à Bagdad.

Dans son rapport, l'ONG américaine dénonce "des destructions illégales de bâtiments et d'habitations, et dans plusieurs cas de villages entiers, entre septembre 2014 et mai 2016".

Ces destructions ont touché "17 villages et localités à Kirkouk et quatre autres dans le gouvernorat de Ninive", dont Mossoul est le chef-lieu. Ils ont été opérées par "le feu, des équipements lourds ou par explosifs", selon HRW.

Des images satellitaires laissent par ailleurs envisager des destructions dans 62 autres villages repris par les forces kurdes, mais HRW estime que le manque de témoignages ne lui permet pas de tirer des "conclusions définitives" sur ces cas.

L'ONG indique avoir présenté ces conclusions au gouvernement du Kurdistan irakien qui a annoncé l'ouverture d'une enquête et répondu à certaines mais pas à toutes les allégations.

Les autorités d'Erbil ont affirmé que la plupart des destructions avaient été provoquées par les frappes aériennes de la coalition internationale antijhihadistes dirigées par les Etats Unis. D'autres seraient dûes, selon elles, à des explosions provoquées par l'EI, indique HRW.

La dispute sur ces territoires situés à la lisière du la région autonome du Kurdistan trouve son origine dans l'arabisation au début des années 1990 de ces zones par le président déchu Saddam Hussein qui a chassé des dizaines de milliers de Kurdes, contraints de fuir vers le nord.

D'après HRW, le président de la région autonome kurde Massoud Barzani a déclaré ne pas avoir l'intention d'autoriser les Arabes à retourner dans les régions où ils s'étaient installés avec l'aide du régime de Saddam Hussein. "Ces zones demeurent, à ses yeux, des territoires kurdes", précise l'ONG.

En janvier, avant l'actuelle offensive sur Mossoul, Amnesty International avait déjà accusé les forces kurdes d'avoir détruit des milliers de maisons dans le nord de l'Irak dans une tentative apparente de déplacer les populations arabes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.