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Irak: ExxonMobil a signé un contrat pétrolier au Kurdistan


Vendredi 11 novembre 2011 à 19h20

BAGDAD, 11 nov 2011 (AFP) — Le numéro un mondial du pétrole, le groupe américain ExxonMobil, a signé un contrat au Kurdistan irakien qui risque de lui faire perdre son immense champ pétrolier à Qurna-ouest (sud), a affirmé vendredi à l'AFP un haut responsable du ministère irakien du Pétrole.

"Oui Exxon-Mobil a signé un contrat et cela a été révélé par un conseiller du ministère des Ressources naturelles du Kurdistan", a déclaré Abdel Mehdi al-Amidi, directeur général chargé des contrats du ministère du Pétrole, sans fournir plus de détails.

Interrogé si la major américaine risquait de perdre l'exploitation de Qurna ouest, il a répondu: "Elle doit le perdre". Par le passé, Bagdad a déjà exclu des entreprises opérant dans la région kurde de contrats pétroliers dans le reste du pays.

Le site internet du Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) renvoie à un article du Financial Times dans lequel le conseiller en communication du ministre des Ressources naturelles de la région autonome du Kurdistan, Michael Howard, annonce que l'accord porte sur six blocs d'exploration.

Selon un responsable de ce ministère kurde, l'accord a été signé récemment à Londres.

ExxonMobil est déjà présent en Irak et produit avec la compagnie anglo-néerlandaise Shell environ 370.000 barils de pétrole par jour dans le champ de Qurna-Ouest, le deuxième plus grand d'Irak avec des réserves estimées à 8,5 milliards de barils.

Il s'agit d'un contrat de service avec le gouvernement irakien où le cartel ne touche que 0,92 dollar par baril extrait.

Selon une source au ministère irakien du Pétrole à Bagdad, le gouvernement du Kurdistan irakien avait donné il y a quelques semaines 48 heures à Exxon-Mobil pour décider s'il voulait investir dans les champs pétroliers de la région autonome.

Des représentants de la compagnie ont demandé aux autorités irakiennes l'autorisation de signer un tel contrat, mais le vice-Premier ministre chargé de l'Energie, Hussein Chahristani, y a été totalement hostile.

Le ministère du Pétrole a envoyé une lettre officielle à ExxonMobil pour lui signifier que le pétrole d'Irak appartenait "à tous les Irakiens" et que les compagnies qui voulaient travailler en Irak devaient "signer uniquement avec le gouvernement" de Bagdad.

M. Chahristani a aussi demandé au ministère d'avertir la compagnie américaine qu'elle perdrait Qurna-Ouest si elle signait le contrat avec le Kurdistan.

La semaine dernière, des représentants de la major américaine ont rencontré M. Chahristani, mais personne ne sait quelles ont été les résultats de la rencontre, a précisé la source au ministère.

Selon l'expert en Pétrole Ruba Husari, qui dirige le site internet Iraq Oil Forum, "pour la première fois, une compagnie, et pas n'importe laquelle, a décidé, après avoir obtenu un énorme contrat avec Bagdad, de franchir la ligne rouge en signant un contrat qui n'est pas reconnu comme légitime par le gouvernement fédéral".

"Elle l'a fait car un contrat de partage des profits (comme le propose le KRG) est bien plus lucratif qu'un contrat de service et parce que le consortium subit des retards de paiements du gouvernement central à Qurna-ouest", a-t-elle ajouté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.