Dimanche 28 novembre 2010 à 18h07
ERBIL (Irak), 28 nov 2010 (AFP) — Plusieurs centaines de chrétiens irakiens souhaitant échapper aux menaces d'Al-Qaïda se sont rués dimanche au consulat français d'Erbil, dans la région autonome du Kurdistan, sur la foi d'une rumeur affirmant que cette mission délivrait à tous des visas pour la France.
Face à l'afflux de ces réfugiés --des hommes, femmes, enfants et personnes âgées-- munis de leurs papiers d'identité, le consulat a été contraint de fermer ses portes, selon un journaliste de l'AFP.
La plupart de ces chrétiens sont originaires de Bagdad, théâtre ces dernières semaines d'attaques sanglantes contre leur communauté, et de Mossoul, la deuxième ville du pays, où leur situation est également difficile.
"Nous sommes venus quand nous avons appris que le consulat français prenait les noms des déplacés pour leur donner un visa car, franchement, nous ne voulons plus rester dans ce pays", a déclaré dans la foule Girgis, 54 ans, originaire de Mossoul.
"J'avais une usine à Mossoul mais je l'ai quittée parce que j'ai peur des terroristes. Mais notre vie ici est très difficile et nous ignorons combien de temps nous allons devoir vivre de la générosité des proches qui nous accueillent".
Contactée par l'AFP, l'ambassade de France à Bagdad a simplement affirmé que "des dizaines de chrétiens" s'étaient rendus dimanche au consulat d'Erbil, sans dire si celui-ci avait dû fermer ses portes.
La branche irakienne d'Al-Qaïda, qui a revendiqué l'attaque sanglante de la cathédrale syriaque catholique de Bagdad le 31 octobre, dans laquelle 44 fidèles, deux prêtres et sept membres des forces de sécurité avaient péri, a annoncé le 3 novembre que les chrétiens étaient désormais des "cibles légitimes" pour les combattants islamistes.
Des menaces qui se sont concrétisées une semaine plus tard par une série d'attaques contre des maisons appartenant à des chrétiens à Bagdad, et qui ont fait au moins six morts.
Ces violences ont poussé de nombreux chrétiens à fuir l'Irak ou à chercher refuge au Kurdistan, une région où Al-Qaïda ne commet aucune attaque.
"Que pouvons-nous faire si le gouvernement ne nous protège pas?", interrogeait de son côté dans la foule Mazin, arrivé de Mossoul il y a une dizaine de jours. "Nous voulons partir pour pouvoir vivre en paix."
Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a appelé le 9 novembre sans la nommer le France à ne pas favoriser l'émigration des chrétiens, après l'évacuation vers ce pays de 35 Irakiens blessés dans l'attaque du 31 octobre contre l'église, selon un communiqué de son bureau.
Alors ministre français de l'Immigration, Eric Besson avait indiqué que l'asile en France leur serait "très généreusement accordé" s'ils en faisaient la demande.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.