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Irak: Diyala, nouvelle pomme de discorde entre Kurdes et pouvoir central


Mercredi 13 août 2008 à 16h04

SOULEIMANIYEH (Irak), 13 août 2008 (AFP) — Un nouveau conflit oppose le gouvernement central irakien aux dirigeants kurdes qui refusent de retirer leurs troupes de la province de Diyala car ils ont la ferme intention de la rattacher au Kurdistan, comme Kirkouk et une partie de la province de Mossoul.

"Le commandant en chef des forces terrestres irakiennes, le général Ali Ghidane, nous a demandés le 10 août de retirer nos forces du nord de Diyala, mais nous ne recevons nos ordres que de la présidence de la région autonome du Kurdistan", a affirmé à l'AFP le général kurde Nazem Kirkouki.

"Nous avons une brigade déployée dans les localités de Saadiya, Qara Tapa, Jalawla (dans le nord de Diyala) et nous ne bougerons pas car nous n'avons pas reçu jusqu'à présent d'ordre de la présidence (kurde)", a ajouté le général qui commande la brigade 34 des peshmergas, forte de 4.000 hommes.

Les combattants kurdes ou peshmergas se sont déployés dans ces zones il y a deux ans, à la demande des armées irakienne et américaine, alors que Diyala était à feu et à sang en raison notamment des activités d'Al-Qaïda, a-t-il précisé.

"Nous sommes venus pour participer au rétablissement de la sécurité dans la région et depuis lors nous avons pris part avec les forces américaines et irakiennes à de nombreuses opérations", a-t-il souligné.

Près de 40.000 hommes des forces irakiennes, soutenus par l'armée américaine, ont lancé le 29 juillet une vaste opération, "Heureux présage", visant les cellules d'Al-Qaïda dans cette province considérée comme la plus dangereuse d'Irak.

Pour le porte-parole des peshmergas, le général Jabar Yawar, "la zone où nous nous trouvons est sécurisée et n'a pas besoin d'opérations militaires ni d'un déploiement de l'armée irakienne".

"Nous avons donné notre sang pour y maintenir la paix", a-t-il estimé.

Située à la lisière de la province de Souleimaniyeh, cette zone septentrionale de Diyala est habitée en majorité par des Kurdes chiites et les dirigeants kurdes voudraient l'annexer. La majorité des Kurdes irakiens sont sunnites.

"Il y a des réunions entre les responsables kurdes et le ministère de la Défense pour trouver une solution", a confié pour sa part Jafar Moustafa, secrétaire d'Etat du gouvernement autonome kurde pour les affaires des peshmergas.

Lors d'une conférence de presse, le porte-parole du ministre irakien de la Défense, le général Mohammed al-Askari, a affirmé que "la brigade des peshmergas était venue du Kurdistan pour prendre position dans la vallée de Khamrine quand l'armée et la police irakiennes étaient occupées ailleurs".

"L'accord stipulait leur retrait quand l'armée irakienne serait prête. Aujourd'hui nous sommes venus leur dire que nous n'avions plus besoin d'eux."

Mais en filigrane apparaît l'ambition des Kurdes de doubler la surface de leur territoire pour le passer de 40.000 à 78.000 km2, ce qui représenterait 18% de l'Irak.

Les Kurdes revendiquent un territoire s'étendant de la frontière turque au nord jusqu'à la lisière de Kout, à 160 km au sud-est de Bagdad, ainsi que la province pétrolière de Kirkouk, la majorité des gouvernorats de Diyala et de Ninive jusqu'à Mossoul ainsi qu'une partie de la province de Salaheddine.

"Nos dirigeants ont peur que si l'armée irakienne réussit à se déployer dans la province de Diyala, elle veuille le faire aussi dans les régions de Kirkouk et de Mossoul où sont présentes nos forces", a affirmé sous couvert de l'anonymat une responsable kurde de Souleimaniyeh.

Forts de 70.000 hommes, les peshmergas sont déployés dans la région kurde, ainsi que dans le nord de Diyala et dans le nord-est de Mossoul. A Kirkouk, se trouvent les "Assaïch" (forces de sécurité) dépendant des deux grandes formations politiques kurdes.

Le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, a affirmé vendredi le caractère "kurde" de Kirkouk lors de sa première visite dans cette ville depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.