Samedi 17 decembre 2016 à 17h34
Bagdad, 17 déc 2016 (AFP) — Les clubs kurdes irakiens d'Erbil et de Zakho ont annoncé samedi leur retrait du championnat d'Irak au lendemain d'un match contre un club de Najaf, grande ville chiite du sud, au cours duquel le public a scandé des slogans anti-Kurdes.
Le match a été suspendu après que les joueurs d'Erbil ont quitté le terrain, tandis que la chaîne de télévision irakienne qui retransmettait la rencontre coupait le son, empêchant d'entendre ces slogans qui associaient la capitale de la région autonome du Kurdistan à l'organisation jihadiste Etat islamique (EI).
"Nous avons rappelé les joueurs à cause des slogans communautaristes et politiques que le public de Najaf a lancé contre le Kurdistan et ses figures politiques", a expliqué à l'AFP Abdallah Majid, directeur administratif du club d'Erbil. "C'est inacceptable et cela n'a rien à voir avec le sport".
Le club d'Erbil ne reviendra dans la compétition qu'en cas de "décision politique au niveau de la direction régionale", a-t-il prévenu.
Le club de Zakho a décidé de quitter lui aussi le championnat, par solidarité avec Erbil, a indiqué son président Abdelwahab Mohammed. Ce genre d'incident, a-t-il dit à l'AFP, "arrive régulièrement". "La situation est insupportable, ce n'est plus du sport quand les problèmes politiques s'invitent" dans les stades.
Khadir al-Awadi, directeur administratif du club de Najaf, a dit à l'AFP "refuser" ces slogans dus, selon lui, aux "tensions politiques actuelles".
Depuis 2014, l'EI s'est emparé d'importantes zones dans le nord irakien, près du Kurdistan. Mi-octobre, les forces kurdes et fédérales irakiennes ont lancé une offensive commune, soutenue par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, pour reprendre Mossoul, la "capitale" autoproclamée de l'EI, à moins d'une centaine de kilomètres à l'ouest d'Erbil.
Même s'ils combattent le même ennemi, les gouvernements kurde et fédéral à Bagdad, ce dernier étant dominé par les chiites, entretiennent des relations mitigées, qui connaissent régulièrement des périodes de tensions ou de réchauffement autour des questions des ressources pétrolières ou de l'autonomie régionale.
Cet retrait intervient alors que la Fédération irakienne tente depuis des années de convaincre la Fédération internationale (Fifa) de revenir sur sa décision d'interdire l'organisation de matches internationaux dans le pays en raison de la situation sécuritaire et politique.
Sur la télévision Al-Iraqiya, le son des slogans scandés par des milliers de supporteurs de Najaf a été aussitôt coupé et le commentateur a exhorté le public à "ne pas s'en prendre au club invité", assurant que "tous les clubs sont irakiens" et que "l'équipe invitée joue aussi sur sa terre et dans son pays".
Après des discussions entre des responsables d'Erbil et les arbitres, le match a repris. Mais la situation a de nouveau dégénéré de nouveau à la fin du match, lorsque des centaines de supporteurs de Najaf ont envahi la pelouse.
La Fédération irakienne a appelé dans un communiqué à "de sévères punitions" et présenté ses "plus plates excuses au club d'Erbil".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.