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Irak: des centaines d'Arabes chassés de Kirkouk par les Kurdes (Amnesty)


Lundi 7 novembre 2016 à 01h08

Bagdad, 7 nov 2016 (AFP) — Les forces kurdes irakiennes ont détruit les maisons et chassé des centaines d'Arabes de la ville de Kirkouk (nord), dans d'apparentes représailles à une récente attaque du groupe Etat islamique (EI), a déploré Amnesty International lundi.

L'ONG affirme que, suite à une attaque de plusieurs jours lancée à Kirkouk le 21 octobre par l'EI, les autorités de la ville -- contrôlée par les Kurdes --, ont détruit brutalement les habitations de plusieurs centaines d'Arabes irakiens, leur ordonnant de quitter la ville.

Un père de 10 enfants a ainsi raconté à Amnesty comment des militaires étaient venus dans son quartier pour dire aux résidents de partir d'ici le matin. A l'aube du 25 octobre, quelques jours après l'attaque de l'EI, "les habitants ont été évacués de force et des bulldozers ont démoli" les centaines de maisons du quartier dont la sienne.

Parmi ces habitants chassés de force de Kirkouk et de villages alentours figurent quelque 250 familles qui avaient déjà dû fuir leur ville d'origine à cause de violences, selon Amnesty qui a relevé des cas de confiscation de cartes d'identité.

"Expulser et déplacer de force des résidents sunnites arabes de Kirkouk est illégal et cruel", a dénoncé l'ONG en demandant aux autorités kurdes de mettre fin "immédiatement" à ces pratiques.

"De telles destructions, non justifiées par une nécessité militaire, constituent un crime de guerre. Ordonner le déplacement de populations civiles -- à moins que ce ne soit pour leur propre sécurité ou que cela soit justifié par une nécessité militaire -- constitue également un crime de guerre", écrit Amnesty.

Kirkouk est une ville multi-ethnique située à 170 kilomètres au sud-est de Mossoul, la deuxième ville d'Irak et dernier grand bastion de l'EI dans ce pays.

Sur la défensive à Mossoul face à une offensive des forces irakiennes et kurdes, l'EI, groupe sunnite extrémiste, avait lancé une attaque contre Kirkouk pour tenter de faire diversion dans laquelle 74 jihadistes et 46 personnes avaient été tués.

En janvier, Amnesty International avait déjà accusé les forces kurdes d'avoir détruit des milliers de maisons dans le nord de l'Irak dans une tentative apparente de déplacer les populations arabes. L'ONG a aussi accusé les Kurdes irakiens de renvoyer de force des déplacés vers les zones qu'ils ont fui même si la sécurité n'y a pas été rétablie.

L'Irak, majoritairement peuplé de musulmans chiites compte de nombreuses minorités et communautés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.