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Irak: démission des élus du courant Sadr, plus grand bloc au Parlement


Dimanche 12 juin 2022 à 20h47

Bagdad, 12 juin 2022 (AFP) — Les 73 députés du courant du leader chiite Moqtada Sadr, plus importante formation à l'Assemblée d'Irak, ont présenté dimanche leur démission, un geste destiné à faire pression pour qu'avance la formation du gouvernement en panne depuis les législatives de 2021.

"Nous avons accepté à contrecoeur les demandes de nos frères et soeurs, représentants du bloc sadriste, de démissionner", a annoncé le président du Parlement, Mohammed al-Halboussi, sur Twitter après avoir reçu les lettres de démission des 73 élus de Moqtada Sadr.

Le leader chiite, habitué des symboles politiques, avait lui-même demandé à ses députés jeudi de "préparer" leur démission.

Les services du Parlement n'étaient pas disponibles dans la soirée pour commenter les implications constitutionnelles de cette décision.

Mais selon le politologue irakien Hamzeh Haddad "le Parlement doit encore entériner" ces démissions "à la majorité absolue" pour qu'elles deviennent effectives. Or, les vacances parlementaires ont débuté jeudi et les élus ne doivent retrouver l'hémicycle qu'au mois d'août.

Ce soubresaut vient toutefois souligner l'impasse politique totale dans laquelle se trouve l'Irak, où, depuis 2003 et la chute du président Saddam Hussein, les tractations entre partis en vue de former un gouvernement et de nommer un Premier ministre jouent les prolongations.

Depuis les législatives anticipées d'octobre 2021, desquelles le mouvement sadriste est ressorti grand gagnant, les deux pôles du chiisme politique -celui de Moqtada Sadr et les pro-Iran du Cadre de coordination- continuent à revendiquer une majorité au Parlement et le droit de nommer le Premier ministre.

Moqtada Sadr, allié à des forces sunnites et kurdes, entend briser la tradition qui prévalait et qui voulait que toutes les forces chiites soient parties prenantes dans un "gouvernement de consensus".

Le clerc chiite veut un "gouvernement majoritaire" qui repousserait dans l'opposition ses adversaires du Cadre de coordination.

Il n'y est pas parvenu jusqu'à aujourd'hui et, en signe de protestation, a lui-même affirmé récemment que ses députes siégeaient "dans l'opposition", laissant au Cadre de coordination l'apanage de la formation d'un gouvernement.

Le Cadre de coordination compte notamment l'Alliance de la Conquête, vitrine politique des anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi. Il rassemble 83 élus.

Faute de majorité claire et de consensus, le Parlement a échoué par trois fois depuis le début de l'année à organiser l'élection du président de la République, première étape avant la désignation du Premier ministre et la formation du gouvernement.

gde/tp

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.