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Irak: aussitôt élu, le président kurde annonce des négociations avec Bagdad


Mercredi 29 juillet 2009 à 18h42

DOUKAN (Irak), 29 juil 2009 (AFP) — Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, largement réélu à son poste, a annoncé mercredi l'ouverture prochaine de négociations avec le gouvernement de Bagdad pour résoudre les différends qui risquent de dégénérer en conflit armé entre Arabes et Kurdes.

Le Premier ministre irakien Nouri "al-Maliki viendra bientôt au Kurdistan pour discuter et régler tous les problèmes entre nous et Bagdad", a affirmé à l'AFP M. Barzani, qui a rencontré dans la journée le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

"Nous avons dit aux Américains qu'il fallait régler les problèmes en suspens avec Bagdad selon la Constitution" irakienne, a-t-il insisté, en référence à la revendication kurde sur la tenue d'un référendum dans la province pétrolière de Kirkouk.

D'après des sources au bureau du Premier ministre, une invitation a effectivement été adressée à M. Maliki mais aucune date n'a encore été fixée pour la rencontre.

M. Barzani a été largement réélu à son poste avec 69,57% des voix et les deux partis kurdes historiques -le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UDK)- ont obtenu la majorité absolue au Parlement régional, selon les résultats officiels annoncés mercredi par la commission électorale à Erbil, capitale du Kurdistan.

La liste de dissidents Goran ("Changement" en kurde) de Noucherwan Moustapha, qui a crié à la fraude électorale, a de son côté réussi le pari de devenir la première force d'opposition dans l'Assemblée locale en obtenant 23,57% des votes.

M. Moustapha avait centré sa campagne sur la lutte contre la corruption qui a accompagné le boom économique dans la région.

Lors d'un rassemblement électoral il y a dix jours, M. Barzani avait cité une série de questions litigieuses empoisonnant les relations entre le Kurdistan et le pouvoir central à Bagdad.

Il a évoqué les "territoires disputés" revendiqués par le Kurdistan comme la province de Kirkouk, le statut des combattants kurdes des peshmergas, la loi sur la répartition des revenus pétroliers, l'exercice du pouvoir par M. Maliki jugé trop personnel, et une meilleure répartition des ethnies au sein de l'armée.

Alors que l'insurrection a nettement diminuée depuis deux ans, les Etats-Unis craignent que ces conflits ethniques ou territoriaux ne dégénèrent en nouvelle guerre civile bien plus sanglante.

Lors de sa visite en Irak, M. Gates a ainsi exhorté les dirigeants arabes et kurdes à trouver une issue pacifique à leur conflit.

"Il a rappelé à ses hôtes que nous avons tous sacrifié trop de sang et d'argent pour permettre que les progrès de ces deux dernières années s'évanouissent dans des divergences politiques", a déclaré son porte-parole Geoff Morrell après une entrevue avec M. Barzani.

Selon lui, le secrétaire à la Défense a lancé le même appel mardi lors de sa rencontre avec M. Maliki.

Le général américain Ray Odierno, le commandant des troupes en Irak, a indiqué pour sa part que les tensions entre le gouvernement du Kurdistan et celui de Bagdad étaient "la première source d'instabilité" en Irak.

"Dans les zones disputées, nous craignons des heurts entre l'armée irakienne et les forces (kurdes) des Peshmergas", a-t-il ajouté, précisant que les Etats-Unis oeuvraient à calmer les tensions.

Bagdad et le Kurdistan se disputent le contrôle de plusieurs zones, dont la ville de Kirkouk, dont le sous-sol regorge de pétrole.

Les trois provinces formant le Kurdistan représentent 40.000 km2 mais les forces kurdes, dans le sillage de l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, ont étendu leur présence sur 75.000 km2 en prenant le contrôle d'une partie des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.