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Irak: au Kurdistan, des milliers de manifestants contre la "corruption" des dirigeants


Samedi 22 février 2020 à 18h44

Souleimaniyeh (Irak), 22 fév 2020 (AFP) — Plusieurs milliers de Kurdes irakiens ont manifesté samedi à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan d'Irak, pour dénoncer la "corruption" de leur classe dirigeante et l'indigence des services publics dans leur région autonome, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ce rassemblement, à l'appel du parti d'opposition Nouvelle génération, a eu lieu alors que des milliers d'Irakiens défilent depuis octobre à Bagdad et dans le sud de l'Irak pour conspuer un gouvernement fédéral qu'ils jugent corrompu et déficient.

Le Kurdistan, région du nord de l'Irak autonome depuis 1991, a été largement épargné par les violences qui ont ravagé le reste du pays. Et le boom économique d'Erbil, capitale du Kurdistan, longtemps un havre pour les investisseurs, a permis un développement plus important des services.

Toutefois, des manifestations y ont déjà eu lieu par le passé, en particulier à Souleimaniyeh, grande rivale d'Erbil où siège le gouvernement local, alors que selon l'ONU 36% des foyers de la région autonome vivent avec moins de 400 dollars par mois.

"En 29 ans au pouvoir, les autorités kurdes ont échoué, nous, en manifestant nous redonnons de l'espoir aux jeunes et aux gens qui ont des compétences au sein de la société kurde", a lancé samedi aux manifestants Chassouar Abdelouahid, chef de Nouvelle génération.

"Réglez le problème du chômage", proclamait une banderole, "Des services publics rapidement", réclamait une autre. Autant de griefs qui ont été soulevés par les manifestants du sud de l'Irak.

"Cette manifestation est un premier pas, d'autres viendront pour notre combat civil dans les jours à venir", a ajouté M. Abdelouahid, alors qu'un mouvement social à Souleimaniyeh en décembre 2017 avait fini dans le sang.

Alors, cinq protestataires qui dénonçaient eux aussi la corruption des autorités kurdes d'Irak --16e pays le plus corrompu au monde selon Transparency International-- avaient été tués par les forces de l'ordre.

Nouvelle génération, créé peu avant les législatives fédérales de 2018, tente d'incarner une troisième voie au Kurdistan.

La région autonome est tenue depuis des décennies par deux formations: le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), respectivement tenues par la famille Barzani pour la première et Talabani pour la seconde.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.