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Irak: appels de chef religieux à une participation massive au scrutin


Vendredi 5 mars 2010 à 19h34

BAQOUBA (Irak), 5 mars 2010 (AFP) — Au dernier jour vendredi de la campagne électorale en Irak, les chefs religieux et les minarets des mosquées ont appelé la population à participer en masse dimanche aux législatives entourées de mesures de sécurité exceptionnelles face aux attentats.

Le vote a eu lieu jeudi pour les membres des forces de sécurité, les malades et les prisonniers et a été ensanglanté par un triple attentat à Bagdad qui a fait 14 morts. Vendredi et samedi, les Irakiens vivant à l'étranger votent, notamment à Amman, Damas ou Londres.

A moins de six mois du retrait des forces de combat américaines d'Irak, ces élections sont cruciales pour l'avenir du pays qui sort de plusieurs années de violences confessionnelles sanglantes.

Vendredi, jour de la grande prière, les mosquées et les imams ont appelé dans leur prêche les Irakiens à participer en masse au vote, notamment dans les régions sunnites qui avaient largement boycotté le scrutin de 2005.

La participation des sunnites est l'un des enjeux majeurs du scrutin qui devrait marquer leur retour en force dans le jeu politique.

A Baqouba, ville à majorité sunnite à 60 km au nord de Bagdad, les haut-parleurs des minarets des mosquées ont résonné d'appels aux habitants pour se rendre dans les bureaux de vote.

"Vous devez déposer votre bulletin dans l'urne car c'est votre devoir", a lancé cheikh Abdel Rahman al-Jourani, imam d'une mosquée sunnite. "Et même si vous ne voulez pas voter, allez-y tout de même ne serait-ce que pour déchirer votre bulletin et éviter qu'il soit utilisé dans des fraudes".

A Ramadi, la capitale de la province d'Al-Anbar qui fut le fief de l'insurrection sunnite après l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003, les imams ont aussi relayé les appels à la participation.

"Vous devez être les acteurs du changement. C'est votre dernière chance de construire l'avenir de l'Irak pour les quatre prochaines années", a dit Khaled Souleimane, l'imam d'une mosquée du centre-ville.

Dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, les imams ont aussi insisté auprès de leurs fidèles pour qu'ils effectuent leur devoir de citoyen dans cette jeune démocratie.

"Les hautes autorités religieuses insistent sur l'importance de voter", a affirmé Ahmed al-Safi, un représentant du Grand ayatollah Ali Sistani, qualifiant les élections de "question vitale".

Intervenant à la prière hebdomadaire à Sadr City, quartier chiite de l'est de Bagdad, le dirigeant sadriste Hazem al-Aaraji a pressé ses partisans de se mobiliser pour assurer le succès des candidats de Moqtada Sadr, le bloc al-Ahrar au sein de l'Alliance nationale irakienne (ANI-chiites conservateurs).

Dans la région semi-autonome du Kurdistan (nord), des affrontements ont opposé à Halabja des partisans de la liste dissidente Goran (Changement) et à ceux de sa rivale, l'Alliance kurde, faisant cinq blessés, selon les services de sécurité.

Mais le dirigeant kurde Massoud Barzani a minimisé les divergences entre listes, appelant les électeurs à voter en masse pour que les Kurdes obtiennent le maximum de sièges au Parlement.

Dimanche, environ 19 millions d'Irakiens doivent se rendre aux urnes dans les 18 provinces qui constituent autant de circonscriptions lors des deuxièmes législatives depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003.

Le scrutin est sous haute surveillance de craintes d'attentats. A Bagdad, environ 200.000 membres des forces de sécurité irakiennes seront mobilisés alors que la circulation sera interdite aux véhicules dans les villes.

Contrairement aux législatives de 2005 où les troupes américaines protégeaient les urnes aux côtés des forces irakiennes, les soldats américains ne participeront pas aux opérations de sécurité durant le scrutin.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.