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Irak: activité suspendue sur un champ pétrolifère après une attaque de drone


Mardi 15 juillet 2025 à 19h38

Erbil (Irak), 15 juil 2025 (AFP) — Une société américaine a été contrainte de suspendre mardi ses activités sur un champ pétrolifère dans le Kurdistan autonome, après une nouvelle attaque de drone qui a visé les infrastructures énergétiques de cette région du nord de l'Irak.

Bagdad a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les attaques, survenues à quelques mois des législatives, dans un contexte de tensions avec l'administration kurde, principalement autour des exportations de pétrole.

Le gouvernement régional du Kurdistan a indiqué que le champ pétrolifère de Sarsang, dans la province de Dohouk, avait été touché, dénonçant un "acte de terrorisme contre les infrastructures économiques vitales de la région du Kurdistan".

Cette attaque fait suite à des frappes de drones menées la veille sur un aéroport qui accueille des troupes américaines et sur un champ pétrolier dans la province voisine d'Erbil.

Mardi, "une explosion s'est produite vers 07H00 (04H00 GMT) dans l'une des installations de production dans le champ de Sarang", a indiqué la société américaine HKN Energy, qui exploite le champ, précisant que "les activités de cette installation ont été suspendues jusqu'à ce que le site soit sécurisé".

Un incendie s'est déclaré, avant d'être maîtrisé. Aucune victime n'a été signalée.

Ces dernières semaines, l'Irak a été le théâtre d'une vague d'attaques de drones et de roquettes.

Longtemps en proie à des conflits, l'Irak est fréquemment confronté à des attaques de ce type, souvent liées à des luttes d'influence par procuration entre l'Iran, les Etats-Unis et leur allié Israël.

L'ambassade des Etats-Unis à Bagdad a dénoncé "les récentes attaques de drones à travers l'Irak", y compris des frappes sur des "infrastructures clés" dans des champs pétrolifères au Kurdistan.

"Ces attaques sont inacceptables", a écrit l'ambassade sur son compte X, exhortant Bagdad à enquêter. Le gouvernement irakien "doit exercer son autorité pour empêcher les acteurs armés de lancer ces attaques contre des sites (...) y compris des lieux où des entreprises irakiennes et internationales ont investi dans l'avenir de l'Irak", a-t-elle ajouté.

- Tensions dans le pays -

L'explosion dans le champ de Sarang s'est produite au lendemain de trois attaques de drones chargés d'explosifs signalées au Kurdistan et non revendiquées: un drone a été abattu près de l'aéroport d'Erbil et deux autres ont touché le champ pétrolifère de Khourmala, causant des dégâts matériels.

Des responsables politiques proches des autorités kurdes ont accusé des groupes pro-iraniens, sans fournir de preuves.

Le 3 juillet, les autorités kurdes avaient indiqué qu'un drone avait été abattu près de l'aéroport d'Erbil, accusant les Hachd al-Chaabi, anciens paramilitaires pro-iraniens aujourd'hui intégrés aux forces régulières. Bagdad a rejeté cette accusation.

Le Premier ministre irakien Mohammed Chia al-Soudani a ordonné une "enquête immédiate et approfondie" sur les attaques, a déclaré mardi son porte-parole militaire, Sabah al-Numan.

"La nature de ces actes criminels et le moment choisi indiquent une intention malveillante visant à semer la confusion et à nuire à l'Irak", a-t-il ajouté.

L'Irak se prépare à des élections législatives en novembre, souvent marquées par de vives tensions politiques.

Ces attaques surviennent aussi à un moment où les tensions entre Bagdad et Erbil au sujet des exportations de pétrole s'exacerbent, un important oléoduc traversant la Turquie étant fermé depuis 2023 en raison de différends juridiques et de problèmes techniques.

En mai, les autorités fédérales irakiennes ont déposé une plainte contre le Kurdistan pour avoir signé des contrats gaziers avec deux sociétés américaines, l'un avec HKN Energy.

Bagdad a dénoncé ces accords, affirmant que l'exploitation du pétrole et du gaz devait se faire par l'intermédiaire du gouvernement fédéral.

Quelques heures après l'attaque de drone de mardi, le ministère irakien du Pétrole a annoncé un accord préliminaire avec HKN Energy pour développer le champ pétrolifère de Hamrine, dans la province de Salaheddine.

Après la signature de l'accord, le ministre irakien du Pétrole, Hayan Abdel Ghani, a déclaré que Bagdad se réjouissait de coopérer avec les entreprises américaines dans le secteur du pétrole et du gaz.

Quelque 2.500 soldats américains sont déployés en Irak dans le cadre de la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.