Mercredi 16 janvier 2013 à 12h00
KIRKOUK (Irak), 16 jan 2013 (AFP) — Au moins 27 personnes ont été tuées et 235 blessées au cours d'une vague d'attentats mercredi qui a notamment ensanglanté Bagdad et deux villes du nord de l'Irak au centre d'une âpre dispute entre le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan.
Ces nouvelles violences risquent d'accentuer encore un peu plus les vives tensions entre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki et ses détracteurs sunnites, à l'origine d'imposantes manifestations depuis trois semaines.
A Kirkouk et Touz Khourmatou, toutes deux peuplées d'Arabes, Kurdes et Turkmènes, trois attentats visant des partis politiques kurdes ont tué au moins 20 personnes.
Les deux villes font partie d'une bande de territoire que revendiquent tant le gouvernement fédéral que le Kurdistan irakien.
Fin 2012, M. Maliki, très remonté contre le Kurdistan, avait mis en garde contre le danger d'un "conflit ethnique" après l'échec de négociations destinées à apaiser les tensions.
Pour nombre de diplomates et de dirigeants, ces tensions, alimentées en outre par des différends liés à l'exploitation pétrolière au Kurdistan, représentent à long terme la plus forte menace pour la stabilité du pays.
Dans la matinée, en plein centre de Kirkouk, au moins 16 personnes ont été tuées et 190 blessées dans deux attentats, selon Sadiq Omar Rassoul, chef des services sanitaires de la province.
Lors de la première attaque, un kamikaze a fait exploser une voiture piégée. L'attentat s'est produit non loin d'un complexe appartenant au Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région, Massoud Barzani.
Un second attentat, également à la voiture piégée, s'est ensuite produit à 500 mètres de là. Il visait un responsable local du PDK, Mohammed Kamal.
Le général de police Sarhad Qader a expliqué que "les explosions ont causé des dégâts majeurs. Nos forces sont à pied d'oeuvre pour retirer les corps ensevelis sous les décombres".
Al-Qaïda soupçonné
Un peu plus au sud, à Touz Khourmatou, quatre civils ont été tués et 30 personnes blessées dans l'explosion d'une voiture piégée, également conduite par un kamikaze. L'attaque visait des assaïch, des forces de sécurité kurdes, et s'est produite à proximité de locaux de l'Union patriotique du Kurdistan du président irakien Jalal Talabani.
Les attentats n'ont pas été revendiqués, mais l'Etat islamique d'Irak, branche d'Al-Qaïda dans le pays, mène régulièrement des attaques dans l'espoir de déstabiliser le gouvernement et d'attiser les tensions religieuses.
A Bagdad, trois attaques distinctes ont fait cinq morts, dont trois policiers. Et à Baïji et Tikrit, deux villes situées au nord de la capitale, des attentats ont fait deux morts.
Il s'agit de la vague de violence la plus meurtrière en Irak depuis le début de l'année.
Elle survient au lendemain de l'assassinat d'Aïfan Saadoune al-Issawi, un député sunnite de la province d'Anbar engagé dans la lutte contre Al-Qaïda aux côtés des milices Sahwa (Le réveil, en arabe).
Les funérailles du parlementaire ont eu lieu dans la matinée dans un cimetière près de Fallouja, son fief électoral et bastion de la grogne anti-gouvernementale.
Son cercueil, placé sur une voiture, était recouvert du drapeau irakien et a été suivi jusqu'au cimetière par plusieurs de centaines de personnes.
Malgré des mesures de sécurité renforcées, un engin explosif improvisé a explosé juste avant le passage du convoi, blessant une personne.
La mort de M. Issawi enflamme un peu plus la grave crise politique qui met aux prises Nouri al-Maliki et le bloc laïque Iraqiya, membre du gouvernement mais très critique vis-à-vis de M. Maliki.
Depuis fin décembre, la minorité sunnite organise des manifestations pour dénoncer sa "marginalisation" par le gouvernement de M. Maliki. Elle réclame la libération de prisonniers ainsi que l'abrogation des lois antiterroristes dont elle estime faire les frais.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.