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Incursion turque en Irak, Rice accuse le PKK de menacer la stabilité


Mercredi 19 decembre 2007 à 00h31

ERBIL (Irak), 19 déc 2007 (AFP) — Les troupes turques ont mené mardi une incursion dans le nord de l'Irak contre des rebelles kurdes que la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a accusé, depuis Bagdad, de déstabiliser la région.

L'armée turque a confirmé mardi soir avoir mené cette opération terrestre, affirmant avoir infligé un revers aux rebelles kurdes et de "très lourdes pertes" à leurs bases lors de raids aériens pendant le week-end.

Il s'agit de la première opération terrestre de l'armée turque depuis que le Parlement l'a autorisée en octobre à pénétrer en Irak pour déloger les séparatistes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) de leur sanctuaire irakien d'où ils lancent des opérations meurtrières en Turquie.

Selon la présidence de la région autonome du Kurdistan irakien (nord), 500 soldats turcs ont pénétré dans une zone inhabitée de l'extrême nord-est irakien à la recherche de rebelles du PKK. L'armée turque, pour sa part, n'a pas donné de précisions sur le nombre de soldats engagés dans l'opération.

Entrés à l'aube dans ce secteur, "ils ont commencé à se retirer vers le territoire turc", a indiqué en soirée un communiqué du bureau du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.

"Ils ne sont pas arrivés à proximité des lignes des peshmergas", les forces de sécurité kurdes d'Irak, a ajouté la présidence sans faire état de combats.

Mme Rice, qui a effectué une visite d'une journée en Irak, a refusé de commenter directement cette incursion, lors d'une conférence de presse avec son homologue Hoshyar Zebari organisée après une rencontre à Bagdad avec le président Jalal Talabani.

Mais elle a souligné que les Etats-Unis, l'Irak et la Turquie avaient "un intérêt commun à stopper les activités du PKK qui menace la stabilité du nord" irakien frontalier de la Turquie.

Les combattants du PKK, estimés à quelque 3.500, sont cantonnés dans la région difficile d'accès du massif du Qandil, dans l'extrême nord-est d'Irak.

M. Zebari a minimisé la portée de l'opération turque. "Une autre incursion militaire limitée se déroule en ce moment même, mais c'est dans une zone de haute montagne peu peuplée".

Selon le gouvernement du Kurdistan irakien, les soldats turcs ont progressé sur une profondeur de trois km en Irak. Un membre du PKK a affirmé qu'ils avaient traversé "la frontière irakienne à Khawakurt", aux confins irano-turcs.

Pour marquer sa désapprobation du soutien américain à la Turquie, M. Barzani a annulé une rencontre prévue à Bagdad avec Mme Rice.

Selon le chef d'état-major turc Yasar Buyukanit, Washington a donné son accord tacite aux bombardements aériens et d'artillerie turcs dimanche contre des villages irakiens frontaliers. Une centaine de tonnes de bombes ont été larguées sur les positions du PKK, selon une source militaire turque.

Un bilan invérifiable de l'agence pro-PKK Firat a fait état de cinq combattants et deux civils tués dans ces bombardements.

Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, quelque 1.800 personnes ont fui leurs villages après les frappes turques.

A Ankara, le président Abdullah Gul a indiqué que l'armée "faisait le nécessaire" pour combattre le PKK, en lutte depuis 1984 contre le pouvoir central d'Ankara.

L'incursion dans la région autonome du Kurdistan irakien, la seule encore relativement épargnée par les violences en Irak, a été annoncée au moment de la visite de Mme Rice en Irak.

Celle-ci s'est rendue d'abord à Kirkouk pour soutenir les efforts de réconciliation de l'ONU dans cette région pétrolière revendiquée par les Kurdes, où se côtoient Kurdes, Arabes, Turcomans et chrétiens.

Mme Rice a souhaité apporter son soutien aux initiatives du nouvel émissaire de l'ONU en Irak, Staffan de Mistura, qui a obtenu un report de six mois d'un référendum prévu avant fin 2007 pour décider d'un éventuel rattachement de Kirkouk à la province du Kurdistan.

A Bagdad où elle a rencontré aussi le Premier ministre Nouri al-Maliki, Mme Rice a appelé à accélérer les efforts de réconciliation.

Pendant la visite de Mme Rice qui a quitté Bagdad en soirée, trois attentats ont frappé des régions d'Irak faisant au moins 22 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.