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Incursion turque au Kurdistan: "pas de victime" selon le PKK


Dimanche 2 decembre 2007 à 16h21

ERBIL (Irak), 2 déc 2007 (AFP) — Un haut responsable du Parti des travailleurs du Kurdistan a reconnu dimanche que des hélicoptères turcs avaient bombardé des combattants du PKK la veille au Kurdistan irakien, mais nié que le raid ait fait des victimes comme l'affirme Ankara.

Le groupe, qui avait dans un premier temps démenti l'incursion turque dans le nord de l'Irak, a réitéré une précédente offre de cessez-le-feu faite à Ankara.

"Il y a eu une frappe aérienne menée par des hélicoptères le long de la frontière", a déclaré au correspondant de l'AFP à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, un responsable du PKK qui a requis l'anonymat.

"Aucun de nos combattants n'a été tué", a-t-il affirmé, interrogé au téléphone depuis un lieu qu'il n'a pas précisé.

La veille, le même responsable avait démenti toute incursion, terrestre ou aérienne, de l'armée turque au Kurdistan irakien.

L'armée turque a annoncé être intervenue samedi dans le nord de l'Irak contre un groupe d'une cinquantaine de rebelles du PKK, leur infligeant selon elle de "lourdes pertes".

Selon Ankara, l'artillerie et des éléments aériens ont attaqué "à l'intérieur des frontières de l'Irak" un groupe de 50 à 60 combattants du PKK.

C'est la première fois que l'armée turque passait aux actes depuis le feu vert des députés, en octobre, à des opérations militaires en territoire irakien. Ces raids ont pour but de répondre à des attaques menées par le PKK en Turquie depuis ses bases arrière en Irak.

Le PKK "veut résoudre la crise avec Ankara", a assuré le même responsable kurde, renvoyant à un communiqué officiel de l'organisation séparatiste transmis dimanche à l'AFP.

Le mouvement rebelle y dit qu'il "déposera les armes si les autorités turques répondent positivement à un certain nombre de conditions".

Le PKK exige que la Turquie "admette les droits du peuple kurde dans sa Constitution", "reconnaisse la langue kurde comme la seconde langue officielle du pays" et libère les membres du PKK, dont ses leaders, actuellement détenus en Turquie.

L'organisation séparatiste exige également le "retrait de l'armée turque du sud-est de la Turquie", la création d'un comité conjoint entre la Turquie et le PKK pour préparer son intégration au sein du processus politique, et l'annonce par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan d'une amnistie générale de tous les combattants du PKK.

Le communiqué ne fait aucune mention du bombardement mené samedi par l'armée turque.

Fin octobre, le PKK avait affirmé être disposé à respecter un cessez-le-feu si l'armée turque renonçait à ses projets d'incursion et si l'Etat turc respectait les droits politiques et culturels de la minorité kurde en Turquie.

Ce cessez-le-feu conditionnel avait été rejeté dès le lendemain par Ankara.

"Il n'y a pas eu d'incursion. Juste un bombardement le long de la frontière", a affirmé Fouad Hussein, le chef de la présidence kurde et principal collaborateur du président du Kurdistan autonome Massoud Barzani.

Le gouvernement central de Bagdad n'a jusqu'à présent fait aucun commentaire officiel sur le bombardement turc.

En visite en Irak, le secrétaire d'Etat adjoint américain, John Negroponte, a déclaré à Bagdad: "nous sommes tous d'accord pour dire que le PKK est une organisation très négative, un groupe terroriste qui ne doit pas être autorisé à opérer depuis le territoire irakien contre la Turquie".

"Nous avons l'objectif commun de mettre fin à leurs activités", a-t-il déclaré.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.