Lundi 23 janvier 2006 à 10h15
BAGDAD, 23 jan 2006 (AFP) — L'identité du juge qui présidera mardi la prochaine audience du procès du président déchu Saddam Hussein reste incertaine, les membres du Haut tribunal pénal tentant toujours de convaincre le kurde Rizkar Amine de renoncer à sa démission.
"Les efforts se poursuivent pour convaincre Rizkar Amine de continuer à présider la chambre jugeant Saddam Hussein", a déclaré à l'AFP Raëd al-Jouhi, juge d'instruction du Haut tribunal pénal irakien.
"Des collègues du juge Rizkar Amine maintiennent le contact avec lui pour comprendre les raisons qui l'ont poussé à présenter sa démission et voir s'il est possible qu'il y renonce", a-t-il ajouté.
L'entourage du juge kurde a laissé entendre que celui-ci avait décidé de quitter la présidence de la chambre jugeant Saddam Hussein pour protester contre les pressions et les critiques dont il estime avoir été l'objet.
Les responsables chiites ne se sont pas privés de critiquer le tribunal et son président auxquels ils reprochaient sa façon jugée molle de diriger les débats.
La huitième audience du procès de Saddam Hussein et de sept de ses lieutenants, jugés pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl (nord de Bagdad) en représailles à l'attaque du convoi de l'ancien président lors d'une visite du village en 1982, aura lieu mardi, a confirmé M. Jouhi.
"Dans le cas où le juge ne revient pas sur sa démission, le tribunal doit publier un communiqué dans lequel il précise le nom de celui qui va présider aux débats", a-t-il précisé.
"Jusqu'ici, il n'a pas été procédé officiellement à la nomination de ce juge", a souligné M. Jouhi, indiquant que si Rizkar Amine ne revient pas sur sa démission, le juge Saïd al-Hamachi serait son remplaçant naturel, étant le plus ancien des membres de la chambre jugeant Saddam Hussein.
M. al-Hamachi a aussi espéré le retour de Rizkar Amine dans une déclaration publiée lundi par le quotidien à capitaux saoudiens Asharq al-Awsat.
"J'ai grand espoir de voir le juge Rizkar Amine revenir à la présidence du tribunal pour que les sessions se tiennent normalement", a-t-il déclaré tout en appelant le gouvernement, le Parlement et les partis politiques à "cesser d'interférer dans le travail du tribunal".
Le juge Rizkar Amine avait été sévèrement critiqué par plusieurs responsables politiques pour son manque de fermeté à l'égard des accusés et la liberté de parole qu'il leur permettait.
Les sixième et septième audiences, les 21 et 22 décembre, avaient ainsi été l'occasion pour Saddam Hussein d'insulter les présidents américains Bush père et fils et de se livrer à un discours enflammé condamnant l'occupation américaine.
Un responsable occidental proche du Haut tribunal a cependant estimé que les déclarations intempestives des accusés n'étaient pas nécessairement négatives, y voyant parfois des "éléments compromettants".
Le juge Saïd al-Hamachi avait promis de changer de méthode dans un entretien récent au quotidien Asharq al-Awsat en déclarant: "Peu m'importe qui se trouve devant moi, un ancien président ou autre. Ce qui m'intéresse, c'est que justice soit faite", a-t-il affirmé.
"J'ai l'intention de diriger les débats conformément à la loi et aux véritables règlements", a-t-il ajouté.
Le nouveau juge potentiel part cependant avec un handicap: des liens supposés avec le Baas, parti dissous de l'ancien maître absolu de l'Irak, évoqués par un organisme chargé de purger l'administration et les institutions de l'Etat.
"Le Tribunal ne prendra pas en considération la recommandation du Comité d'épuration de l'ancien parti Baas et Saïd al-Hamachi continuera à faire partie de notre juridiction", a toutefois tranché le 19 janvier Raëd al-Jouhi, juge d'instruction.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.