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Il y a 20 ans, la chute du régime irakien de Saddam Hussein


Vendredi 10 mars 2023 à 05h04

Paris, 10 mars 2023 (AFP) — L'ultimatum américain exigeant le départ du président irakien, Saddam Hussein, a expiré à l'aube du 20 mars 2003, mais le silence règne encore à Bagdad.

"Allons-y!": à 10.000 kilomètres, à la Maison Blanche, George W. Bush lance l'offensive contre Saddam Hussein et une nuée de missiles de croisière cible un quartier de la capitale irakienne.

A 05H35 locales, la guerre a bien été déclenchée. Nom de code: "Liberté de l'Irak".

Quelque 150.000 Américains et 40.000 Britanniques sont déployés en Irak pour une intervention éclair, qui déclenchera d'importantes manifestations d'opposition dans de nombreuses capitales occidentales et arabes.

Trois semaines suffisent pour sceller le sort du régime et prendre le contrôle de Bagdad, le 9 avril. Une guerre préventive, justifiée inlassablement par les Américains et les Britanniques par la présence sur le sol irakien d'armes de destruction massive (ADM), bactériologiques, chimiques ou nucléaires. Finalement introuvables.

- Boule de feu -

Dès les premiers bombardements américano-britanniques, la Défense anti-aérienne irakienne réplique. En une heure, trois séries de raids transforment le ciel en une énorme boule de feu, décrivent des journalistes de l'AFP.

A la télévision, Saddam Hussein, tenue militaire et béret noir, appelle à "résister aux envahisseurs".

Puis dans la soirée, des dizaines de milliers de soldats américains et britanniques pénètrent dans le sud du pays depuis le Koweït.

Vingt-quatre heures plus tard, c'est une véritable guerre aérienne, qui touchera le palais présidentiel, en feu.

- Progression terrestre -

Le 25 mars, quelque 4.000 Marines traversent la ville de Nassiriyah, verrou crucial sur la route vers Bagdad encore distante de 370 km, en franchissant le fleuve de l'Euphrate lors de violents combats.

Six jours plus tard, des soldats américains sont engagés dans des combats au sol contre des unités de la Garde républicaine irakienne, près de la ville sainte chiite de Kerbala.

Ils s'emparent de l'aéroport international de Bagdad le 4 avril et Saddam Hussein défie les envahisseurs lors d'un bain de foule dans un quartier résidentiel.

Le 7 avril, la coalition mène une incursion spectaculaire jusqu'au coeur du pouvoir, s'emparant de trois palais présidentiels à Bagdad.

- Le régime s'effondre -

Le 9 avril, le régime s'effondre. Une image hautement symbolique frappera les esprits: le déboulonnage de l'immense statue de Saddam Hussein dans le centre de Bagdad.

Arrachée de son socle avec un blindé américain, elle est piétinée par des dizaines d'Irakiens euphoriques, devant les caméras du monde entier. Certains journaux soupçonnent une mise en scène médiatique.

Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, compare l'événement à "la chute du mur de Berlin". Les Bagdadis profèrent de violentes diatribes contre le "tortionnaire" Saddam Hussein.

- Scènes de chaos -

Bagdad plonge dans le chaos. Une armée de pilleurs dévalisent ministères et maisons de dignitaires, emportant leur butin sur des brouettes. Le musée national de la capitale, abritant 7.000 ans d'Histoire, ne sera pas épargné.

Kirkouk et Mossoul, villes du nord du pays, tombent sans grande résistance aux mains des Kurdes qui se retirent ensuite au profit des Américains. Puis Tikrit (180 km au nord de Bagdad), fief de Saddam Hussein, capitule.

Le 1er mai, le président américain déclare la "fin des combats" mais la poursuite de la "guerre contre le terrorisme", depuis un porte-avions au large de la Californie (ouest des Etats-Unis), sous la banderole "mission accomplie".

- Saddam terré dans un trou -

Saddam Hussein reste introuvable, même si Washington offre en juillet une récompense de 25 millions de dollars.

Après une traque de neuf mois, le despote, qui a fait régner la terreur pendant 24 ans, est arrêté le 13 décembre 2003, terré dans une cache dans la cave d'une ferme, près de Tikrit.

"Nous l'avons eu", lance l'administrateur civil américain en Irak, Paul Bremer. Dans une vidéo, Saddam Hussein apparaît hagard et fatigué, le visage mangé par une longue barbe poivre et sel. Il sera jugé, puis pendu fin 2006.

- Pas d'ADM -

Début octobre 2003, un rapport du Groupe d'Inspection en Irak affirme qu'aucune arme de destruction massive n'a été découverte.

Les accusations de manipulation du renseignement vont s'intensifier contre George W. Bush et le Premier ministre britannique, Tony Blair.

Et lorsque les forces américaines achèvent leur retrait d'Irak, le 18 décembre 2011, après huit ans et neuf mois de présence, le bilan du conflit est astronomique. Des années de guerre confessionnelle, des batailles urbaines à Falloujah, des abus tristement célèbres à Abou Ghraïb...: les Irakiens ont connu tous les traumatismes.

De 2003 à 2011, plus de 100.000 civils ont été tués, selon l'organisation Iraq Body Count. Les Etats-Unis ont déploré près de 4.500 morts.

cm/maj/tgg/all/bfi/lpa

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.