Dimanche 5 juin 2011 à 19h18
PARIS, 5 juin 2011 (AFP) — De nouvelles manifestations ont eu lieu dimanche à Arnouville (Val-d'Oise) et Evry, au lendemain de l'interpellation mouvementée, dans ces deux communes, de cinq personnes d'origine kurde, dont trois "cadres importants" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
A Arnouville, 1.500 personnes ont manifesté dans le calme, sous la surveillance d'un hélicoptère de la sécurité civile, pour demander la libération des Kurdes interpellés samedi.
Une banderole noire portait la mention: "Non à la répression contre les Kurdes de France". Des drapeaux à l'effigie du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie, étaient brandis, ainsi que des pancartes avec des inscriptions telles que "Le PKK n'est pas une organisation terroriste" ou "Non aux arrestations".
Le député-maire (PS) de Sarcelles (Val-d'Oise), François Pupponi, et le maire (PS) de Villiers-le-Bel, Didier Vaillant, qui ont participé à la marche, ont appelé au calme.
Sept personnes ont été interpellées en marge de la marche, a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. Il a ajouté que 13 personnes avaient été interpellées samedi à Arnouville, en marge de la manifestation spontanée qui avait suivi les interpellations.
A Evry, la manifestation, qui a rassemblé environ 350 personnes, s'est déroulée dans le calme et s'est achevée vers 17H00. Des projectiles ont été envoyés sur les forces de l'ordre, par des jeunes gens qui se sont mêlés à la manifestation, selon une source policière. Il n'y a pas eu d'interpellation.
Dans un communiqué diffusé lors de la marche à Arnouville, la Fédération des associations kurdes en France dénonce le fait que Paris "n'envisage la question kurde que sous l'angle d'une coopération avec la Turquie +en matière de lutte contre le terrorisme+ avec comme corollaire l'arrestation des militants kurdes et l'éradication du militantisme kurde".
Cinq personnes d'origine kurde, dont trois "cadres importants" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont été interpellées samedi à Evry et Arnouville (Val-d'Oise), et la Maison culturelle kurde d'Arnouville a été perquisitionnée.
Ces interpellations ont eu lieu dans le cadre "d'une enquête diligentée depuis plusieurs mois par la sous-direction anti-terroriste (SDAT) sur instruction du parquet anti-terroriste de Paris", a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur.
A l'origine de la procédure figure "des plaintes pour extorsion de fonds qui devaient servir au financement d'activité terroristes menées par le PKK", a ajouté M. Brandet.
Samedi, des affrontements avaient éclaté entre manifestants et forces de l'ordre après ces interpellations.
Onze membres de la communauté kurde ont été légèrement blessés après l'intervention des forces de l'ordre à Arnouville, selon le maire PS de la ville voisine de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, pour qui l'opération policière a été "mal maîtrisée".
Le ministère de l'Intérieur a réfuté dimanche toute provocation ou usage excessif de la force dans cette opération.
Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 45.000 morts depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984, selon l'armée.
En décembre 2010, six membres présumés du PKK avaient été mis en examen à Paris par le juge antiterroriste Thierry Fragnoli, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement d'une entreprise terroriste.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.