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HRW exhorte la Syrie à mettre fin à la "répression" des Kurdes


Jeudi 26 novembre 2009 à 10h23

NEW YORK, 26 nov 2009 (AFP) — L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités syriennes à mettre fin à leur "répression" de la communauté kurde en Syrie, dans un rapport diffusé jeudi.

Le rapport dénonce "la détention de dirigeants kurdes et les mauvais traitements dont ils font l'objet" ou encore "l'interdiction par les autorités syriennes de réunions pour parler des droits de la minorité kurde ou pour célébrer la culture kurde".

"Alors que d'autres pays de la région, comme la Turquie et l'Irak, sont en train d'améliorer leur comportement vis-à-vis de leurs minorités kurdes, la Syrie reste réfractaire à tout changement", dénonce la directrice de HRW pour le Moyen-Orient, Sarah Leah Whitson.

"La Syrie est hostile à toute expression politique et culturelle kurde", ajoute-t-elle.

Le rapport fait état de l'arrestation et de la condamnation de 15 dirigeants kurdes depuis 2005 et déplore l'absence de loi sur la création de partis politiques en Syrie.

Le 15 novembre dernier, trois membres du parti kurde Azadi, une formation interdite qui prône la fin des discriminations envers les Kurdes, ont été condamnés à trois ans de prison pour "affaiblissement du sentiment national" et "incitation à des dissensions raciales ou provocation de conflits au sein de la nation".

Sur 30 ex-détenus kurdes interviewés par HRW, 12 ont affirmé avoir été torturés par les forces de sécurité, indique le rapport.

La plupart d'entre eux avaient été condamnés par des tribunaux militaires pour des accusations vagues comme la "propagation de fausses informations qui affaiblissent le sentiment national" ou pour des actes et propos qui visent à "amputer une partie du territoire syrien pour l'annexer à un autre Etat".

Le harcèlement des militants kurdes se poursuit après leur libération, les services de sécurité continuant à les convoquer pour des interrogatoires, dénonce HRW.

L'ONG dénonce par ailleurs l'interdiction, depuis 2005, d'"au moins une quinzaine de réunions politiques et culturelles pacifiques, en recourant souvent à la violence pour disperser la foule".

"Le gouvernement syrien voit des menaces partout, même lors des célébrations du Nouvel an kurde (Nowruz). Si le gouvernement souhaite établir de meilleures relations avec la minorité kurde, il devrait comprendre les griefs légitimes des Kurdes au lieu de tenter de les faire taire", commente Mme Whitson.

Estimés à plus de 1,5 million de personnes, les Kurdes représentent environ 9% de la population syrienne. Ils réclament la reconnaissance de leur langue, de leur culture et de leurs droits politiques.

Installés essentiellement dans le Nord, à la frontière avec la Turquie et l'Irak, les Kurdes syriens se défendent de toutes visées sécessionnistes.

HRW, une organisation basée à New York, exhorte le gouvernement syrien à "libérer les détenus, à mener des enquêtes sur les cas de torture et mauvais traitements et à voter une loi sur les partis politiques".

HRW demande par ailleurs à l'Union européenne et aux Etats-Unis d'"exprimer leur réprobation du comportement de la Syrie à l'égard de sa minorité kurde et lier le développement de leurs relations avec ce pays à une véritable amélioration de la situation des droits de l'Homme en Syrie", indique le rapport.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.