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Hoshyar Zebari, un homme de parti rompu à la diplomatie occidentale


Samedi 20 mai 2006 à 12h39

BABGDAD, 20 mai 2006 (AFP) — Ancien manifestant devant l'ambassade d'Irak à Londres pour dénoncer la répression de Saddam Hussein, le Kurde Hoshyar Zebari, maintenu samedi à la tête de la diplomatie irakienne, est un homme de parti rompu aux pratiques occidentales.

Issu d'une des grandes tribus kurdes, les Zebari, cet ancien peshmerga (combattant kurde) et étudiant londonien dirige sans interruption la diplomatie irakienne depuis septembre 2003, date de l'établissement du Conseil de gouvernement transitoire.

Il a gravi les échelons dans la hiérarchie du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) -il est membre du bureau politique depuis 1989-, tout en affûtant sa connaissance du monde occidental en nouant ces dernières années de multiples contacts de haut niveau.

Contrairement à son neveu, Massoud Barzani, leader du PDK qui porte le plus souvent la tenue traditionnelle, Hoshyar Zebari porte toujours des costumes parfaitement coupés.

Il manie avec brio l'art de la diplomatie, préférant l'usage de la plaisanterie ou de l'ellipse aux déclarations intempestives pour faire passer ses messages aux médias qu'il connaît bien.

Né à Aqrah dans le Kurdistan irakien en 1953, Hoshyar Zebari est titulaire d'une licence de sciences politiques en Jordanie et d'une maîtrise de développement social en Grande-Bretagne.

Entre 1976 et 1980, tout en étudiant à l'université d'Essex, il devient secrétaire général de la Société des étudiants du Kurdistan en Europe et à ce titre se lie avec des organisations politiques et manifeste devant l'ambassade d'Irak à Londres. Il deviendra responsable des relations extérieures du PDK.

"Londres est le point de départ de la carrière qui l'a mené jusqu'à Bagdad. Il y a appris comment la politique fonctionne, qui sont les décideurs, l'importance des lobbies, la mentalité des Occidentaux", explique Safim Dizaye qui l'a remplacé à son poste au parti.

Rentré au Kurdistan après le début de la guerre Iran-Irak (1980-88) pendant laquelle la rébellion kurde reprend activement, il devient peshmerga, tout en continuant de représenter les intérêts du PDK en Europe, en Syrie et en Libye.

Après une nouvelle vague de répression du régime de Saddam Hussein contre les Kurdes, dont le gazage de Halabja (5.000 morts en 1988), il repart à Londres pour alerter la communauté internationale.

Il devient une figure connue pendant la guerre du Golfe en 1991, qui a entraîné une féroce répression de l'insurrection kurde, avant l'établissement d'une zone autonome au Kurdistan sous la pression américaine.

Rentré au Kurdistan en février 2003, peu avant l'invasion américaine de l'Irak, il s'installe ensuite à Bagdad avant d'être nommé le 1er septembre dans le premier gouvernement intérimaire de l'après-Saddam Hussein. En avril 2005 il est maintenu au gouvernement.

En deux ans et demi, M. Zebari a multiplié les voyages à l'étranger avec le même message: la nécessité d'obtenir une aide économique, politique et sécuritaire.

La tâche n'est pas aisée, surtout avec les pays arabes avec lesquels il a dû surmonter des crises. En mars 2005, Amman se fâche contre Bagdad qui accusé un Jordanien d'avoir commis un attentat suicide meurtrier en Irak, suscitant de nombreuses protestations.

De façon générale, M. Zebari reproche aux pays arabes de ne pas s'impliquer davantage en Irak. Il dénonce "leur inertie" au sommet d'Alger en mars 2005 et accuse la même année la Syrie de ne pas coopérer dans la lutte antiterroriste.

En avril 2006, nouvelle crise, avec l'Egypte, quand Bagdad boycotte une réunion régionale au Caire pour protester contre des propos du président égyptien Hosni Moubarak sur la loyauté des chiites irakiens à l'Iran.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.