Page Précédente

Grippe aviaire: la chasse aux volailles dans les alentours de Soulaimaniyah


Mardi 7 février 2006 à 16h30

AWAL (Irak), 7 fév 2006 (AFP) — La chasse aux volailles pour contenir un risque de pandémie de grippe aviaire s'est étendue aux alentours de la ville kurde de Soulaimaniyah, alors qu'un deuxième décès dû au virus H5N1 a été confirmé dans cette province.

"Depuis le début février, nous avons commencé une campagne d'abattage des volailles domestiques pour protéger Soulaimaniyah", indique Sirwane Mohammad Saleh, ingénieur agricole qui travaillait au sein d'une équipe au village d'Awal, situé à 6 km plus au sud-ouest.

"Les autorités sont inquiètes des oiseaux migrateurs qui traversent la province en cette saison et qui apprécient cette vallée regorgeant de lacs", précise-t-il.

Craignant une contamination par cette vague migratoire, les autorités ont lancé une campagne pour se débarrasser de la volaille domestique des villages situés à une quinzaine km de la ville, a-t-il ajouté.

Jusqu'au début du mois, seule la région montagneuse de Rania, qui se trouve à 180 km au nord de Soulaimaniyeh et où la plupart des cas ont été suspectés, faisait l'objet d'une campagne.

Cette campagne ne concerne pas les quelque 300 centres d'élevage des volailles implantés dans la région de Soulaimaniyah, qui génèrent le plus gros des revenus de la province, a indiqué un des membres de l'équipe d'éradication relevant du ministère local de l'Agriculture.

"Si ces centres venaient à être fermés, ce serait une perte économique considérable", explique ce vétérinaire de l'équipe en précisant que ces centres d'élevage sont souvent inspectés par ses services et régulièrement désinfestés.

Dans la localité de Tiqia, proche de Chamchamal, à 60 km au sud de Soulaimiyah, où deux décès ont été signalés, la population ne se souciait pas outre mesure de ce risque.

Un nourrisson de quatre mois et demi est mort après une forte fièvre qui a duré trois jours puis sa soeur de trois ans, Chadia Adnane Mohammad, a développé les mêmes symptômes.

"Elle a eu, il y a une semaine, une forte fièvre et du sang a coulé de son nez mais n'a pas vomi", a raconté son oncle Rostom Hamma Amine. L'enfant a d'abord été transférée à l'hôpital de Chamchamal qui l'a gardée une journée avant de la renvoyer chez elle.

"Son état a empiré alors nous avons alerté le ministre de la Santé Mohammad Khouchnou qui est venu en personne vendredi dernier pour la conduire à Soulaimaniyah", a dit son oncle, avant d'ajouter que des analyses sont en cours pour déterminer si elle est infectée.

"Nous n'avons pas de volailles mais nos voisins en possèdent", dit-il. La tante raconte que des volailles et des pigeons ont été emportés par l'équipe accompagnant le ministre pour analyse.

Dans cette partie du village, où les maisons en torchis sont collées les unes aux autres et où les égoûts coulent à ciel ouvert dans des ruelles boueuses, les habitants disent être habitués aux grippes saisonnières accompagnée de maux de gorge.

"Hier encore, j'ai transporté à l'hôpital trois gamins souffrant de fièvre", dit l'un d'eux. "Faute d'eau potable, nous essayons autant que possible de bouillir l'eau avant de la boire", précise-t-il.

A Awal, les équipes vétérinaires ont joué au chat et à la souris avec les villageois.

Prévenus d'une perquisition, certains ont caché leurs volailles dans leur salle de bains, d'autres les ont lâchées dans les champs, d'autres enfin les ont carrément mangées la veille ou l'avant-veille.

La chasse a mobilisé tous les gamins du village, certains prenant fait et cause pour les "exterminateurs", les aidant à attraper des coqs récalcitrants, d'autres au contraire tentant de les soustraire.

Un ancien peshmerga de 77 ans, Jala Hussein Fares, a pris l'initiave d'enfermer ses volailles dans le poulailler dès qu'il a entendu parler d'un risque d'épizootie. A l'arrivée des équipes, il a livré "ses prisonniers" avec le sentiment du devoir accompli.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.