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Grippe aviaire: décès suspect et mesures d'urgence au Kurdistan d'Irak


Mercredi 18 janvier 2006 à 14h10

ERBIL (Irak), 18 jan 2006 (AFP) — Une fillette est décédée dans le Kurdistan irakien après avoir présenté des symptômes similaires à ceux de la grippe aviaire, poussant les autorités à prendre des mesures d'urgence pour empêcher l'apparition de la maladie.

Une fille de 14 ans, Chanjin Abdel Kader, est morte mardi à l'hôpital de Soulaimaniyah. "Elle souffrait depuis 15 jours d'une infection pulmonaire", a déclaré un responsable des services agricoles dépendant de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti qui contrôle cette province du nord de l'Irak.

"Les médecins ont effectué des tests après le décès et décidé d'envoyer des tissus pour les analyser en Jordanie et vérifier la présence ou non du virus H5N1", a ajouté Tahsine Namek, chargé de la lutte contre la grippe aviaire.

"Nous voulons avoir le coeur net sur ce cas, nos services de santé ne disposant pas d'équipements pour des tests concluants sur un cas éventuel de grippe aviaire", a-t-il précisé.

Selon lui, la fillette est originaire d'une région proche des frontières avec la Turquie où le virus H5N1 a fait plusieurs morts, et avec l'Iran.

"Nous avons peur et sommes en état d'alerte face à ce qui peut être une bombe à retardement", a déclaré Azad Ezzeddine Molla Afandi, "ministre" de l'Agriculture du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). "Malgré les mesures de précaution, nous sommes tenaillés par la peur d'une apparition de la maladie".

Outre l'interdiction de l'importation de volailles de Turquie, premier pays où le virus H5N1 a fait des morts hors de l'extrême-orient, avec 20 personnes contaminées dont 4 décédées, les autorités kurdes ont multiplié les mesures de précaution.

"Des ordres stricts ont été donnés aux aviculteurs pour installer à la porte de leurs fermes des bassins pour décontaminer les véhicules qui y entrent ou en sortent", a expliqué M. Afandi.

Selon lui, cette mesure s'applique aussi bien aux aviculteurs des provinces d'Erbil et de Dohouk, sous le contrôle de son parti, qu'à ceux de Soulaimaniyah, troisième province kurde.

Les deux premières provinces, outre le fait qu'elles se situent à proximité immédiate de la région turque où ont été recensés les cas de grippe aviaire, sont de grosses productrices de poulets et d'oeufs, avec lesquels elles approvisionnent l'ensemble du marché irakien.

Au poste-frontalier d'Ibrahim al-Khalil, d'importantes mesures ont été prises, dont la plus visible consiste à décontaminer les camions et les véhicules en provenance de Turquie.

"Le virus ignore les frontières", souligne Saman Halabji, porte-parole du service de Santé du PDK. "La maladie peut arriver avec les oiseaux migrateurs, mais jusqu'à présent on n'a heureusement recensé aucun cas" au Kurdistan irakien, ajoute-t-il.

Le vétérinaire du poste-frontière, Abdel Khaleq Abdel Sattar, explique que les véhicules et les bagages sont inspectés minutieusement pour empêcher l'entrée au Kurdistan d'Irak de volailles en provenance de Turquie.

"Nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour prévenir une propagation du virus au Kurdistan", souligne-t-il, sans toutefois exclure la possibilité d'une apparition de la maladie.

Les autorités ont en outre mobilisé les médias dans toute la région. Un conseil revient avec insistance: s'adresser au centre de santé le plus proche en cas symptômes ressemblant à ceux de la maladie.

Aux ménagères, les radios et les télévisions expliquent qu'il faut cuire le poulet à une chaleur supérieure à 80 degrés et laver les oeufs ainsi que ses mains avec du savon, conformément aux instructions de l'Organisation mondiale de la santé.

Les boutiques de vente de volailles vivantes ont été fermées.

Mais ces mesures n'ont pas réussi à apaiser les craintes de certains habitants. "Les mesures ne sont pas au niveau requis et nous craignons une apparition de la maladie", souligne Salima Ali, une ménagère de 39 ans.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.