Mardi 16 janvier 2024 à 20h10
Bande de Gaza (Territoires palestiniens), 16 jan 2 — L'armée israélienne a pilonné mardi le sud de la bande de Gaza, au lendemain de l'annonce par Israël d'une fin prochaine de la phase "intensive" des combats contre le Hamas, 102 jours après le début de la guerre qui exacerbe les tensions régionales.
Des tirs d'artillerie ont visé le sud de la bande de Gaza après des bombardements nocturnes du secteur de Khan Younès, épicentre des opérations de l'armée israélienne depuis quelques semaines. Dans le nord, l'armée a dit avoir pris pour cible une centaine de structures de lancement de roquettes à Beit Lahia, et tué des "dizaines de terroristes".
Des roquettes ont été tirées mardi matin de Gaza vers le sud d'Israël sans faire de blessés, selon les autorités israéliennes.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Quelque 250 personnes ont été prises en otages, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tuées, selon les autorités israéliennes. Une centaine a été libérée lors d'une trêve fin novembre.
En représailles, Israël a promis d'anéantir le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza où 24.285 personnes ont été tuées par les bombardements et opérations militaires israéliennes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, soit 1% de la population, selon le dernier bilan, mardi, du ministère de la Santé du Hamas, qui recense aussi 61.154 blessés.
L'armée israélienne a fait état de la mort de deux soldats, portant à 190 le nombre de militaires tués depuis son entrée dans la bande de Gaza le 27 octobre.
Lundi soir, le ministre israélien de la Défense a indiqué que "dans le nord de Gaza l'étape intensive des opération touche à sa fin" et que "dans le sud (...) cela se terminera bientôt". L'armée a annoncé le retrait lundi d'une de ses quatre divisions engagées à Gaza.
Mais le gouvernement a prévenu en même temps que la guerre sera longue.
- "Aucun signe de vie" -
Le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait état lundi de la mort de deux otages israéliens, diffusant une vidéo où l'on voit une jeune femme, également otage et visiblement sous pression, annoncer les décès.
La branche armée du Hamas a imputé leur mort à des bombardements "sionistes", l'armée israélienne rejetant ces "mensonges".
Mardi, l'Union européenne a ajouté à sa liste "terroriste", Yahya Sinouar, 61 ans, le chef du Hamas à Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre contre Israël, qui a salué une "décision juste et morale".
Dans la bande de Gaza assiégée, où 1,9 million d'habitants ont été déplacés selon l'ONU, la population manque de tout, dans le froid qui s'est abattu sur la région.
Plus de 1.000 cas d'hépatite C ont été détectés et les unités de soins intensifs encore opérationnelles connaissent un taux d'occupation de 340%, selon le Hamas.
"Aucun signe de vie", murmure Ismael Chaaban Gazan retourné voir sa maison du quartier Karama de la ville de Gaza, constatant que la plupart des bâtiments étaient réduits en ruines.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lancé lundi un nouvel appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".
- "Conflit régional" -
La guerre exacerbe les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les Etats-Unis au premier chef, et l'"axe de résistance" établi par l'Iran, qui réunit notamment le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.
Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont annoncé mardi avoir tiré des missiles balistiques en Syrie et surtout près d'Erbil, dans le Kurdistan irakien. Selon l'agence officielle iranienne de presse Irna, ils y ont détruit un centre "d'espionnage" attribué à Israël, dont un haut responsable irakien a démenti l'existence, dénonçant de "fausses allégations".
Le gouvernement irakien, allié de l'Iran mais également partenaire des Etats-Unis, a condamné une "agression" de sa souveraineté.
Au large du Yémen, un nouveau tir de missile des Houthis visant des navires dans la région a touché un vraquier grec. Un cargo américain y avait été touché lundi dans le golfe d'Aden par un tir similaire. En fin de semaine dernière, Washington et Londres avaient bombardé des positions des Houthis au Yémen pour tenter de stopper leurs attaques en mer Rouge, qu'ils disent mener en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
A Washington, un responsable américain a fait état de nouvelles frappes américaines au Yémen visant mardi "quatre missiles balistiques des Houthis qui constituaient une menace imminente pour les navires marchands et les bâtiments de la marine américaine".
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a néanmoins assuré que son pays vise la "désescalade". "Nous ne cherchons pas un conflit régional, loin de là", a-t-il déclaré au Forum économique mondial à Davos (Suisse).
Le Premier ministre jordanien, Bicher Al-Khasawneh, a lui estimé à Davos que si "l'agression sur Gaza ne s'était pas poursuivie (...) nous n'aurions (pas) vu" cette escalade.
Mais pour l'analyste Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group "nous sommes déjà dans une guerre régionale, même si elle est encore à un stade modeste".
A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des "dizaines de positions, structures militaires et infrastructures d'armement" du mouvement libanais à Wadi Slouqi dans le sud du Liban.
Au Liban, une source sécuritaire a évoqué "14 raids contre Wadi Slouqi" menés par Israël, ajoutant qu'il s'agissait des bombardements "les plus intenses" sur une même zone depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.