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Gaza: bombardements sur le sud, des opérations bientôt moins intenses selon Israël


Mardi 16 janvier 2024 à 10h10

Bande de Gaza (Territoires palestiniens), 16 jan 2 — Des dizaines de personnes ont été tuées mardi par des frappes israéliennes sur la bande de Gaza où la phase "intensive" des combats contre le Hamas palestinien devrait "bientôt" se terminer, selon Israël, 102 jours après le début de la guerre qui exacerbe les tensions régionales.

Au cours de la nuit, l'armée israélienne a bombardé le secteur de Khan Younès, la grande ville du sud de Gaza, épicentre des combats au sol et des raids aériens depuis qu'elle a annoncé le 6 janvier le "démantèlement de la structure militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas dans le nord" du territoire.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Quelque 250 personnes ont été prises en otages, et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tuées, selon les autorités israéliennes. Une centaine ont été libérées lors d'une trêve fin novembre.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Dans la bande de Gaza, 24.100 personnes ont tuées par les bombardements et les opérations militaires israéliennes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, soit 1% de la population du petit territoire, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Au début de la guerre, "nous avons clairement dit que l'étape intensive des opérations durerait approximativement trois mois", a déclaré lundi soir le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

"Dans le nord de Gaza, cette phase touche à sa fin. Dans le sud", où des centaines de milliers de Gazaouis ont afflué à la demande d'Israël quand les combats faisaient rage dans le nord, "nous allons y parvenir et cela se terminera bientôt", a ajouté M. Gallant.

L'armée israélienne a annoncé qu'une de ses quatre divisions engagées depuis le début de l'offensive terrestre, le 27 octobre, s'était retirée de Gaza lundi soir. Le gouvernement israélien martèle toutefois dans le même temps que la guerre va se poursuivre pendant des mois, et a approuvé lundi un budget amendé pour 2024, ajoutant 15 milliards de dollars de dépenses pour faire face au coût du conflit.

Selon le bureau de presse du Hamas, les frappes israéliennes sur l'ensemble du petit territoire surpeuplé et assiégé ont fait 78 morts et de nombreux blessés dans la soirée et la nuit.

- "Punition collective" -

Le mouvement, classé terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a fait état lundi de la mort de deux otages israéliens, diffusant pour ce faire une vidéo, dont la date de tournage n'est pas indiquée, où l'on voit une jeune femme, également otage et visiblement sous pression, annoncer les décès.

Selon la branche armée du Hamas, "ils ont été tués dans des bombardements sionistes". L'armée israélienne a rejeté ces "mensonges", dénonçant l'"utilisation brutale d'otages d'innocents".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a pour sa part lancé un nouvel appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat", nécessaire selon lui pour assurer une aide humanitaire à la hauteur et "faciliter la libération des otages".

"Nous continuons de demander un accès humanitaire rapide, sûr, sans obstacle, étendu, et continu", a-t-il déclaré devant la presse, ajoutant que "rien ne (pouvait) justifier la punition collective infligée au peuple palestinien".

Dans la bande de Gaza, les habitants manquent de tout et sont contraints, pour 1,9 million d'entre eux selon l'ONU, à fuir leur foyer. Ils sont désormais exposés au froid qui s'est abattu sur la région.

L'Unicef, le Programme alimentaire mondial et l'Organisation mondiale de la Santé ont mis en garde lundi contre un "risque de famine" et d'"épidémies de maladies mortelles".

- Irak, Liban, Yémen -

La guerre exacerbe aussi les tensions régionales entre d'un côté Israël et ses alliés, américain au premier chef, et de l'autre l'"axe de résistance" établi par l'Iran et qui rassemble des mouvement armés comme le Hamas palestinien, le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.

A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l'armée israélienne a annoncé dans la nuit de nouveaux raids aériens contre des "positions" du Hezbollah".

Au large du Yémen, un cargo américain a été touché lundi dans le golfe d'Aden par un missile des Houthis. Tôt mardi, l'agence de sécurité maritime britannique UKMTO a fait état d'un nouvel "incident" en mer Rouge, précisant qu'un petit appareil avait volé au-dessus d'un navire sans causer de dommages.

En fin de semaine dernière, les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient bombardé des positions au Yémen des Houthis pour tenter de les dissuader de poursuivre leurs attaques en mer Rouge visant à freiner le trafic dans cet axe stratégique en "solidarité" avec les Palestiniens de Gaza.

Les Gardiens de la Révolution iraniens ont de leur côté annoncé mardi avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques en Syrie et surtout près d'Erbil, dans le Kurdistan irakien, affirmant, selon l'agence officielle iranienne de presse IRNA, y avoir détruit un centre "d'espionnage" attribué à Israël.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.