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Gaz: Polémique entre Bagdad et le Kurdistan après un accord signé avec RWE


Lundi 30 août 2010 à 13h26

ERBIL (Irak), 29 août 2010 (AFP) — Une vive polémique a éclaté entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan (nord) qui a signé récemment un accord avec le numéro deux de l'énergie en Allemagne RWE sur l'exploitation de gaz, lequel pourrait alimenter le futur gazoduc Nabucco.

"Nous n'attendrons pas les ordres d'un ministère inapte qui a dépensé des milliards de dollars sans fournir aucun service élémentaire (à la population), comme l'électricité et l'énergie, ces dernières années", a déclaré lundi dans un communiqué le responsable des relations extérieures du gouvernement du Kurdistan, Falah Mustafa.

Il répondait au ministère irakien du Pétrole qui avait qualifié la veille "d'illégal" l'accord avec RWE.

La mise en oeuvre de contrats passés entre les compagnies pétrolières et le Kurdistan irakien s'est régulièrement heurtée à l'opposition du gouvernement central irakien.

Le Kurdistan exploite actuellement un seul champ gazier, celui de Hormok, près de Kirkouk, qui produit depuis octobre 2008 environ 160 millions de pieds cubes par jour utilisés pour alimenter les centrales électriques de cette région.

"Nous sommes convaincus que les contrats pétroliers entre le gouvernement du Kurdistan et les compagnies étrangères sont légaux et conformes à la Constitution car ils ont été signés selon la législation du Kurdistan", a estimé M. Mustafa dans ce communiqué publié sur le site du gouvernement du Kurdistan.

Dans un communiqué, le ministère irakien du Pétrole avait contesté dimanche la légalité de cet accord.

"Tout contrat ou accord signé en dehors du cadre légal, c'est à dire avec la Somo (State Oil Marketing Organization), est illégal", selon ce communiqué qui fait référence à l'organisme chargé de récolter les revenus pétroliers et de signer des contrats.

"Personne, en dehors ministère, n'a le droit de signer un contrat d'exportation du pétrole ou du gaz", ajoute le communiqué.

Le 27 août à Berlin, la filiale RWE Supply & Trading, qui gère les ventes et achats de gaz en gros, avait indiqué que l'accord avec le Kurdistan prévoyait que l'entreprise aide la région "à développer et concevoir son infrastructure" afin d'exploiter les réserves de gaz locales.

Tentant de surmonter leurs divergences, le gouvernement irakien et celui du Kurdistan avaient trouvé un accord le 6 mai qui devait permettre la reprise des exportations et de la production, interrompue depuis octobre 2009, mais il n'a jamais été appliqué.

Les champs pétroliers du Kurdistan, exploités par le Danois DNO et le Turc Genel, produisaient jusque là environ 60.000 barils par jour.

Bagdad, qui avait refusé de reconnaître les contrats conclus par le Kurdistan avec des sociétés étrangères, veut des contrats de service, rémunérant les compagnies pétrolières au baril extrait plutôt que par un partage des bénéfices tirés de l'exploitation des ressources.

Selon le gouvernement kurde, DNO et Genel ont investi chacune 500 millions de dollars dans l'exploitation des champs. La première exploitait le gisement de Tawke, près de Dohouk, avec une capacité d'exportation de 50.000 barils par jour (bj) et la seconde celui de Tak Tak, avec 10.000 bj.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.