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Gates en Turquie, Ankara refuse de fixer un calendrier de retrait d'Irak


Jeudi 28 février 2008 à 10h25

ANKARA, 28 fév 2008 (AFP) — Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a demandé jeudi à la Turquie lors d'une visite à Ankara un retrait rapide de l'armée turque du nord de l'Irak, mais son homologue turc a refusé de fixer un calendrier précis.

"La Turquie restera dans le nord de l'Irak le temps qu'il faut", a dit Vecdi Gönül lors d'une conférence de presse avec M. Gates, arrivé mercredi à Ankara, une semaine après le début d'une offensive turque d'envergure contre le PKK dans le nord de l'Irak.

Sur le terrain de violents combats opposaient jeudi les troupes turques aux rebelles à Zap, en territoire irakien en face de la localité turque de Cukurca, aux confins du sud-est anatolien turc, ont indiqué des sources locales kurdes à l'AFP.

L'artillerie et l'aviation turques pilonnaient les zones de Zap, Nerva Rekan et Cham Chu, proche de la frontière turque et de la ville irakienne de Amadiyah, a-t-on précisé de mêmes sources.

Le ministre turc a cependant assuré que son pays "n'a l'intention d'occuper aucune zone ni de s'immiscer dans la politique intérieure", du Kurdistan irakien, laissant entendre que l'armée réintégrera ses bases après avoir atteint ses objectifs contre le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), retranché dans la montagne irakienne.

M. Gates a indiqué n'avoir reçu aucun calendrier précis pour un retrait des unités turques qui ont lancé le 21 février une offensive d'envergure contre les bases du PKK, tout en soulignant que d'autres rencontres étaient prévues dans la journée.

L'incursion turque "doit être courte et la plus ciblée possible", a insisté le secrétaire américain, soulignant que les Etats-Unis et la Turquie, alliés de l'Otan, avaient des "intérêts communs".

Les Etats-Unis, qui fournissent depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel sur les déplacements des rebelles dans le nord de l'Irak, s'inquiètent de l'éventualité d'un conflit entre leurs deux alliés régionaux, les Turcs et les Kurdes d'Irak, en cas d'enlisement de l'opération turque.

Interrogé sur ce point, M. Gates a souligné qu'il ne serait pas de l'intérêt des liens américano-turcs de menacer Ankara d'arrêter de fournir des renseignements pour le forcer à un retrait du nord de l'Irak.

Le chef du Pentagone devait encore s'entretenir avec le président Abdullah Gül, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le chef d'état-major turc, le général Yasar Büyükanit.

M. Gates a affirmé mercredi peu avant son arrivée à Ankara que la durée de l'opération turque, appuyée par l'aviation, devrait se mesurer "en termes de jours, voire une ou deux semaines. Mais pas en mois".

Il a aussi souligné que "l'action militaire seule ne résoudra pas le problème du terrorisme pour la Turquie".

Depuis le début de l'offensive turque, 230 rebelles ont été tués dans les montagnes enneigées du nord de l'Irak, selon un bilan fourni mercredi par l'armée turque.

Vingt-sept membres des forces de sécurité, dont trois miliciens, ont été tués, selon ce décompte.

Selon le PKK, 108 soldats ont été tués et cinq personnes tuées côté PKK.

Ankara estime à 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans le nord de l'Irak.

Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les Etats-Unis.

Les journaux turcs ont rapporté que lors des heurts survenus mardi, un commandant du PKK, Kadir Celik, alias "Ape Hüseyin " a été tué.

Celui-ci était considéré comme l'homme ayant donné l'ordre aux rebelles d'attaquer en octobre dernier un poste de gendarmerie turc près de la frontière irakienne, tuant 12 soldats.

Le PKK a démenti ces informations sur l'agence kurde Firat News.

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.