Dimanche 21 octobre 2007 à 20h41
KIEV, 21 oct 2007 (AFP) — Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a débuté dimanche à Kiev sa visite en Europe en rencontrant son homologue turc et en l'appelant à la retenue, alors qu'Ankara menace d'attaquer les rebelles kurdes en Irak, tout en jugeant que ce scénario n'était "pas imminent".
Arrivé à 13h30 locales (10h30 GMT) à l'aéroport international de Kiev, M. Gates s'est entretenu en fin d'après-midi avec le ministre turc de la Défense, Vecdi Gönül, alors qu'Ankara menace d'intervenir militairement dans le nord de l'Irak contre les bases des rebelles du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), contre l'avis de Washington et de Bagdad.
La pression est montée d'un cran dimanche, avec la mort de douze soldats turcs et de 32 rebelles kurdes dans une embuscade du PKK contre une patrouille militaire et dans les combats qui ont suivi près de la frontière irakienne.
"Nous avons le projet de traverser la frontière" mais une incursion militaire dans le nord de l'Irak "n'est pas prévue de façon urgente", a déclaré M. Gönül à la presse à l'issue de sa rencontre avec M. Gates.
"Je suis heureux qu'il semble exprimer une réticence de leur part d'agir unilatéralement, je pense que c'est une bonne chose", a déclaré M. Gates. "Je n'ai pas eu l'impression que quelque chose était imminent", a-t-il dit.
Ces propos intervenaient alors que les principaux dirigeants civils et militaires turcs tenaient dimanche soir une réunion de crise sous la direction du chef de l'Etat Abdullah Gül, en réaction à l'attaque contre des soldats turcs, "fermement" condamnée par le président américain George W. Bush.
"Nos hommes meurent", a insisté le ministre turc de la Défense, en appelant les Etats-Unis à travailler avec la Turquie sur ce problème.
Le secrétaire américain à la Défense a souligné la nécessité d'obtenir avant tout des renseignements précis sur la localisation des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak.
"Il est essentiel de collecter des renseignements qui nous permettent de trouver ces gens", a dit le responsable américain, et "cela doit précéder toute action de quiconque" contre le PKK en Irak. "Ne pas avoir de cibles spécifiques entraînerait probablement de nombreux dommages collatéraux", a-t-il souligné.
Une incursion lancée dans ces conditions "serait contraire aux intérêts de la Turquie, des Etats-Unis et de l'Irak", a déclaré le secrétaire américain à la Défense.
M. Gates a également rencontré dimanche ses homologues ukrainien, albanais, croate et macédonien avant un conseil des ministres de la Défense des pays de l'Europe du Sud et de l'Est lundi à Kiev.
Il s'entretiendra aussi lundi avec le président ukrainien pro-occidental Viktor Iouchtchenko, alors qu'un gouvernement pro-occidental est en cours de formation à Kiev après la courte victoire de ce camp aux élections législatives du 30 septembre.
M. Gates sera ensuite mardi en République tchèque, pays avec lequel les Etats-Unis sont en négociations pour installer une station radar dans le cadre de leur projet de bouclier antimissile en Europe, censé répondre à une éventuelle menace de pays comme l'Iran.
La Russie y est radicalement opposée, y voyant un danger direct pour sa sécurité.
M. Gates participera mercredi et jeudi à une réunion informelle des ministres de la Défense de l'Otan aux Pays-Bas, où il pressera les Etats membres et leurs partenaires d'envoyer des renforts en Afghanistan.
L'Ukraine, qui ne fait pas partie de l'Otan, n'a pas l'intention d'envoyer un contingent de paix en Agfhanistan, a déclaré dimanche son ministre de la Défense Anatoli Gritsenko après sa rencontre avec M. Gates.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.