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Frontière fermée entre le Kurdistan et l'Iran, l'inquiétude monte


Mardi 25 septembre 2007 à 16h15

ERBIL (Irak), 25 sept 2007 (AFP) — La frontière entre l'Iran et le nord de l'Irak était bloquée mardi par des dizaines de camions après la décision de Téhéran de la fermer, alors que des responsables et des experts mettaient en garde contre les effets d'une telle mesure.

"L'immense majorité des produits qui circulent au Kurdistan viennent d'Iran", a souligné à l'AFP Dulair Hakki Mohammed, un marchand d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien (nord).

"Le marché va pâtir profondément si la fermeture se maintient", a-t-il ajouté, se faisant l'écho de nombres de professionnels qui bénéficient des échanges transfrontaliers atteignant un milliard de dollars par an.

Selon le maire de Jouman, localité irakienne proche de la frontière, des colonnes de camions transportant notamment des denrées périssables encombrent depuis lundi soir l'accès au poste-frontière d'Haj Umran, du côté irakien.

Abdel Wahad Kouani a ajouté que des tentatives allaient être faites pour faire transiter ces camions par des postes frontières dans d'autres régions d'Irak.

L'Iran a décidé de fermer sa frontière avec le Kurdistan pour protester contre la capture la semaine dernière dans cette région par l'armée américaine d'un Iranien accusé par les Américains d'être un agent impliqué dans la fourniture d'armes à des rebelles irakiens.

Lundi, Téhéran a annoncé la fermeture de cinq postes frontières, entre la province de Kermanshah (ouest de l'Iran) et le Kurdistan, qui bénéficie depuis plus de quinze ans d'une large autonomie économique et politique.

Cette mesure risque d'avoir des conséquences graves sur la région autonome irakienne, mais aussi sur les entreprises iraniennes qui font des échanges avec le Kurdistan, selon des officiels et des experts kurdes.

"De nombreux commerçants de Souleymaniyeh m'ont demandé d'intervenir auprès des Américains pour faire libérer" l'Iranien arrêté et permettre ainsi la réouverture de la frontière, a commenté mardi le président irakien Jalal Talabani, lui-même kurde.

"Le prix de la fermeture de la frontière sera payé des deux côtés, par les Irakiens et par les Iraniens, parce que le Kurdistan est un marché porteur pour les produits iraniens", a expliqué Mohamed Salman, chef du département d'économie de l'université d'Erbil.

La grande majorité des produits alimentaires, des équipements domestiques, et des appareils électroniques, viennent d'Iran, notent les commerçants kurdes. "Les marchés de la province dépendent de ces produits parce que leur qualité et leur prix nous conviennent", a souligné Najat Ahmed, un commerçant d'Erbil.

Mardi, des colonnes de camions frigorifiques s'étaient formées du côté iranien de la frontière. "Il y a un grand nombre de camions qui attendent pour traverser vers le Kurdistan mais les autorités iraniennes ne les y autorisent pas", a déclaré M. Kouani.

"Depuis hier, ces camions attendent et ils sont pleins de produits congelés comme des poulets et de la viande, et de produits périssables comme des oeufs. Nous craignons qu'ils ne pourrissent", a ajouté le maire.

"Nous avons contacté les officiels iraniens du coté de Kermanshah pour qu'ils les laissent passer, mais ils ont refusé", a assuré M. Kouani.

Téhéran a démenti les accusations américaines, affirmant que l'homme arrêté le 20 septembre, Mahmoudi Farhadi, était un responsable travaillant pour la province iranienne de Kermanshah.

Les autorités iraniennes ont exigé sa libération, tout comme le président Talabani qui a estimé que cette arrestation était "illégale".

"Si la frontière reste fermée nous devrons nous tourner vers des produits syriens et turcs, malgré leurs prix élevés", a expliqué le marchand d'Erbil, Dulair Hakki Mohammed.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.