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Frappes turques sur des cibles kurdes en Syrie, au moins neuf morts


Jeudi 5 octobre 2023 à 14h29

Qamichli (Syrie), 5 oct 2023 (AFP) — La Turquie a mené jeudi une série de frappes de drones contre des cibles militaires et des infrastructures dans des régions sous contrôle des Kurdes en Syrie, faisant au moins neuf morts, en représailles à un attentat à Ankara.

Ailleurs en Syrie, pays morcelé par la guerre, un bombardement des forces du régime dans la province d'Alep (nord-ouest) a coûté la vie à cinq membres d'une même famille, et une attaque de drones contre une académie militaire à Homs (centre) a tué au moins sept officiers, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les frappes turques ont surtout visé des sites pétroliers, une centrale électrique, un barrage et une usine dans la province de Hassaké (nord-est), sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unis.

Selon un communiqué des forces kurdes, "six membres des forces de sécurité ont été tués dans un raid sur Amouda", et "deux civils" circulant à moto ont péri dans une autre frappe.

Le porte-parole des FDS, Farhad Chami, a fait état d'un neuvième mort. Il avait dans un premier temps affirmé que six ouvriers avaient été tués mais il s'est avéré qu'il s'agissait de combattants.

Dimanche, deux policiers ont été blessés dans un attentat à Ankara, revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), en lutte armée contre les autorités turques.

La Turquie a affirmé que les auteurs de l'attaque avaient été formés en Syrie voisine. Elle qualifie de "terroriste" la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple), qu'elle considère comme une extension du PKK.

"Il y a une escalade claire depuis les menaces turques" contre les zones contrôlées par l'administration kurde autonome dans le nord-est syrien, a affirmé M. Chami.

Après les frappes, des colonnes de fumée étaient visibles au dessus du site pétrolier de Qahtaniya, près de la frontière avec la Turquie, selon des correspondants de l'AFP dans le secteur. Des pompiers se sont dirigés vers la principale centrale électrique de Qamichli, dans la province de Hassaké.

- "Cibles légitimes" -

En riposte à l'attentat, la Turquie a mené également des frappes contre des positions du PKK dans le nord de l'Irak, pays frontalier de la Syrie et de la Turquie.

"Dorénavant, toutes les infrastructures et les installations, notamment énergétiques, appartenant au PKK et aux YPG en Irak et en Syrie constituent des cibles légitimes pour nos forces de sécurité", a averti le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.

"Je conseille aux parties tierces de se tenir à distance des lieux et des personnes affiliés au PKK et aux YPG", a-t-il ajouté.

Le chef des FDS, Mazloum Abdi, a démenti mercredi les accusations turques. "La Turquie cherche des prétextes pour légitimer ses attaques en cours contre notre région et lancer une nouvelle agression militaire."

Dans le marché central de Qamichli, les commerçants et les rares clients avaient les yeux rivés sur les écrans de télévision et leurs téléphones portables, suivant avec angoisse les informations.

"La situation empire chaque jour. La Turquie ne nous laisse pas souffler et nous vise chaque jour. Nous voulons juste que nos enfants vivent en paix", a affirmé Hassan al-Ahmad, un commerçant de 35 ans.

- "Dissuader" -

Dans un communiqué jeudi, l'administration autonome kurde a appelé "la communauté internationale, la coalition internationale" ainsi que la Russie à "prendre des positions capables de dissuader" la Turquie.

Les Etats-Unis, la Russie et la Turquie déploient des troupes dans des régions distinctes de Syrie.

Avec le soutien militaire de Moscou et Téhéran, le régime syrien a reconquis la plupart des territoires perdus au début de la guerre, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie.

Les FDS, soutenus par Washington, ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie.

Entre 2016 et 2019, la Turquie a effectué trois opérations d'envergure contre les forces kurdes.

La guerre en Syrie, qui s'est complexifiée avec l'intervention de jihadistes et de puissances étrangères, a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.