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Frappes de l'Iran contre ses opposants kurdes en Irak, un mort et 8 blessés


Lundi 14 novembre 2022 à 16h51

Erbil (Irak), 14 nov 2022 (AFP) — L'Iran a lancé une nouvelle série de frappes aux missiles et aux drones lundi contre des groupes d'opposition kurdes iraniens basés au Kurdistan d'Irak voisin, tuant au moins une personne et en blessant huit, selon des responsables locaux.

Le pouvoir iranien accuse ces groupes, de longue date dans sa ligne de mire, d'attiser les troubles en Iran, confronté à des manifestations déclenchées le 16 septembre après la mort de la jeune kurde iranienne Mahsa Amini, trois jours après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran.

L'Iran a confirmé des frappes contre des "groupes terroristes" basés dans la région autonome du Kurdistan d'Irak (nord), limitrophe du territoire iranien.

"Cinq missiles iraniens ont visé un bâtiment du Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI)", a indiqué à l'AFP Tariq al-Haidari, maire de la ville de Koysanjaq, située à l'est de Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.

C'est dans cette localité que se trouvait une antenne du PDKI, farouchement opposé au pouvoir iranien.

"Il y a un mort et huit blessés. Il s'agit de Kurdes iraniens", a détaillé le ministère de la Santé de la région autonome.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré des panaches de fumée noire s'élever dans le ciel, après les frappes.

Au même moment, "quatre frappes de drones" ont visé des bases du Parti communiste iranien et du groupe nationaliste kurde iranien Komala dans la région de Zrgoiz, a expliqué Atta Seqzi, un chef de Komala, joint par l'AFP.

D'après lui, les militants ont été "prévenus de l'imminence des frappes" et ont évacué les installations. "Il n'y a ni mort, ni blessé".

En fin de journée, le ministère irakien des Affaires étrangères a "condamné avec la plus grande fermeté" ces frappes, qui "empiètent sur la souveraineté irakienne", assurant qu'il prendrait " des mesures diplomatiques de haut niveau", sans toutefois les détailler.

- "Pas silencieux" -

En Iran, une source militaire iranienne a confirmé des attaques avec "des missiles et des drones" contre "des sièges des partis terroristes" en Irak.

Les personnes visées étaient des "terroristes ayant activement participé aux émeutes des deux derniers mois, notamment en provoquant des incendies contre des banques et des bâtiments administratifs dans plusieurs localités" du Kurdistan iranien, a affirmé le général Mohammad-Taghi Osanlou, commandant d'une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à la télévision publique.

Les autorités iraniennes qualifient d'"émeutes" les manifestations contre la mort de Mahsa Amini qui avait été arrêtée pour avoir enfreint selon la police des moeurs le strict code vestimentaire en Iran.

Les groupes d'opposition kurdes iraniens ont dénoncé la répression sanglante de la contestation et appelé à des "manifestations pacifiques".

L'Iran a accentué ses attaques contre ces groupes depuis le début des protestations.

Fin septembre, au moins 14 personnes ont été tuées et 58 blessées, "en majorité des civils", dans des bombardements iraniens, selon les forces antiterroristes du Kurdistan d'Irak.

L'Iran, a indiqué lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Téhéran, ne restera "pas silencieux face aux menaces des groupes terroristes séparatistes" au Kurdistan d'Irak.

- "Violation de la souveraineté" -

La mission de l'ONU en Irak a, elle, "condamné ces nouvelles attaques aux drones et missiles au Kurdistan qui violent la souveraineté de l'Irak".

Le Kurdistan d'Irak, dont les autorités entretiennent des relations très tendues avec le gouvernement central de Bagdad, est aussi régulièrement le théâtre de bombardements turcs.

Dans les zones frontalières de la Turquie, Ankara vise les bases arrière du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé kurde turc que la Turquie et ses alliés occidentaux considèrent comme "terroriste".

Les autorités à Bagdad sont vent debout contre ces campagnes menées par les voisins turcs et iraniens sur leur sol. Mais aucune mesure de rétorsion irakienne n'est généralement prise.

Samedi à Bagdad, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a expliqué que son gouvernement devait "prendre toutes les mesures conformément aux législations internationales en vigueur".

"Nous rejetons toute agression de n'importe quel pays, que ce soit de l'Iran ou de la Turquie."

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.