Lundi 25 janvier 2010 à 20h17
PARIS, 25 jan 2010 (AFP) — Les 123 migrants kurdes, débarqués en fin de semaine dernière sur l'île française de Corse, en Méditerranée, ont été remis en liberté par des décisions de justice prises dimanche soir et dans la journée de lundi, en raison d'un vice de procédure.
Dès dimanche, 94 de ces migrants avaient recouvré la liberté, sur les 123 affirmant venir de Syrie et trouvés vendredi matin sur une plage proche de Bonifacio, à l'extrême sud de l'île. Lundi, des décisions de justice prises à Lyon (centre-est) et à Toulouse (sud-ouest) ont conduit les autorités françaises à remettre en liberté l'ensemble du groupe.
Les juges ont estimé que la privation de liberté de ces migrants s'était faite hors de tout cadre juridique légal, notamment sans qu'il leur ait été notifié la possibilité de déposer une demande d'asile, qui permet en France d'obtenir un document provisoire de séjour.
Il appartiendra désormais aux tribunaux administratifs de statuer définitivement sur la légalité des arrêtés de reconduite à la frontière.
Ces migrants avaient été emmenés dans divers centres de rétention dans plusieurs villes de France.
Face aux critiques des associations et au désaveu des juges, le ministre de l'Immigration Eric Besson a été contraint d'annoncer lundi une annulation des arrêtés de reconduite à la frontière visant ces Kurdes découverts vendredi sur une plage corse, dès lors qu'ils déposeraient une demande d'asile politique.
"Face à des situations d'urgence, la protection des personnes prime sur le pointillisme procédural", avait auparavant argumenté le ministre, expliquant qu'il était "impossible d'amener en quelques heures à la pointe sud de la Corse des dizaines d'interprètes, d'avocats, de médecins et de trouver sur place un local de rétention administrative respectant l'ensemble des normes en vigueur".
Les migrants ont tous déclaré aux enquêteurs avoir été transportés en camions de Syrie en Tunisie d'où des passeurs, qui auraient encaissé 2.500 à 10.000 euros par personne, les auraient fait embarquer sur un cargo jusqu'en Corse.
Une enquête est en cours pour vérifier ces déclarations et retrouver le cargo en question.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.