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France/GB: fortes condamnations pour un réseau d'immigration clandestine


Vendredi 7 decembre 2007 à 17h49

PARIS, 7 déc 2007 (AFP) — La justice française a condamné vendredi jusqu'à sept ans de prison ferme les membres, principalement afghans et kurdes d'Irak, d'un réseau de passage d'immigrés clandestins vers la Grande-Bretagne.

Vingt-quatre des 25 suspects jugés par le tribunal correctionnel de Paris, certains en leur absence, ont été condamnés à de la prison ferme.

En décembre 2005, au moment des premières arrestations, le réseau de passeurs baptisé "Pachtou" - du nom d'une des langues officielles d'Afghanistan - avait été présenté comme "la plus grosse filière d'immigration clandestine" à destination de la Grande-Bretagne jamais découverte en France.

Trois hommes, considérés par le tribunal comme les "banquiers" du réseau qui "engrangeaient des sommes phénoménales", ont été condamnés à sept ans ferme.

Dans ce trio, un seul, en détention provisoire depuis août 2006 près de Paris, était présent au procès.

Les deux autres, soupçonnés d'avoir agi depuis l'Angleterre et la Grèce, sont visés par un mandat d'arrêt européen.

Le tribunal a choisi de punir plus sévèrement que les passeurs eux-mêmes ceux qui amassaient sur des comptes bancaires l'argent versé à l'avance par les familles des candidats au franchissement de la Manche.

Barzan Mohamed Amin alias "Baghet", un Kurde d'Irak de 22 ans présenté par le procureur comme "le chef" du réseau, et contre lequel huit ans ferme avait été requis, s'est vu infliger cinq ans. Le tribunal a jugé qu'il avait "la mainmise" sur les passages depuis Calais, généralement via des camions embarquant sur les ferries.

Quatorze complices ont été reconnus coupables d'avoir organisé ou facilité le convoyage des clandestins, qui s'effectuait à partir de Paris ou de certaines villes de l'Est de la France. Ils ont été condamnés à des peines de trois à six ans ferme.

Enfin, le tribunal a distingué sept "rôles secondaires" dans le dossier. Six ont été condamnés à des peines comprises entre 15 mois et deux ans ferme et le dernier a écopé d'un an avec sursis et 1.000 euros d'amende.

Presque toutes les condamnations ont été assorties d'une interdiction définitive du territoire français.

L'enquête, ouverte fin 2004 après le contrôle à Paris d'un Afghan transportant cinq compatriotes dans sa voiture, a établi que quelque 288.000 euros auraient transité de janvier 2005 à juin 2006 de France vers la Grande-Bretagne pour financer les passages.

Une cinquantaine d'arrestations avaient eu lieu en décembre 2005 en Angleterre, Italie, Grèce et Turquie, et l'opération était la première d'envergure menée en matière d'immigration clandestine dans le cadre d'Eurojust, le pendant judiciaire d'Europol créé en 2002.

Dans son réquisitoire, le procureur avait dénoncé une "filière mafieuse" prompte à "exploiter la misère humaine", estimant qu'un voyage depuis le Moyen-Orient vers "l'eldorado" britannique coûtait "en moyenne 5 à 6.000 dollars" par personne.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.