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Fouad Massoum, un ancien combattant et universitaire réservé pour présider l'Irak


Jeudi 24 juillet 2014 à 20h10

Erbil (Irak), 24 juil 2014 (AFP) — Studieux et à l'écoute, le style du nouveau président irakien Fouad Massoum tranche avec celui de son jovial prédécesseur Jalal Talabani mais il pourra compter comme ce dernier sur de solides compétences politiques forgées dans la longue lutte pour l'indépendance du Kurdistan irakien.

M. Massoum, un Kurde comme le veut une règle non écrite qui attribue à cette communauté le poste --principalement protocolaire-- de président de la République, est ami depuis l'enfance avec Jalal Talabani, à qui il succède à la tête de l'Etat fédéral.

Les deux hommes ont combattu côte à côte dans les rangs de la rébellion pour l'indépendance du Kurdistan avant que M. Massoum ne devienne le Premier homme politique à diriger le gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien.

Pionnier à nouveau, il sera aussi le premier à diriger le Parlement irakien après l'invasion américaine de l'Irak en 2003.

Pour autant, cet homme à lunette et petit de taille n'est pas un politicien batailleur, ni enclin aux prises de risques.

"Il est posé et a des réflexions profondes, c'est sa personnalité. Il réfléchit avant de parler", décrit son frère Khodr Massoum, président de l'université de Koysinjaq dans le Kurdistan irakien.

"Il se montre calme pendant les discussions et les négociations. Courtois", ajoute ce proche.

Né en 1938 dans un village proche de Halabja au Kurdistan, il grandit dans une famille religieuse avant de partir en Egypte étudier les sciences islamiques à la prestigieuse université Al-Azhar du Caire.

Après l'obtention de son doctorat, il revient en Irak où il enseigne à l'université de Bassora.

"Il passe son temps à lire, tout types d'ouvrages, historique, politique. Il apprécie tout particulièrement la littérature arabe", ajoute Khodr Massoum.

M. Massoum se frotte d'abord à la politique avec le parti communiste irakien, avant de rejoindre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) en 1964, alors dirigé par Moustafa Barzani, le père de l'actuel président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.

Entre 1973 et 1975, il est le représentant du PDK au Caire.

Mais les divisions surviennent au sein du parti et Fouad Massoum rallie le camp de son ami Talabani, alors que démarre une longue lutte intestine entre partis kurdes irakiens.

M. Massoum sera parmi les membres fondateurs de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) créée en 1976 par Jalal Talabani.

Les deux amis se retrouvent au combat, menant une lutte armée contre les forces de Saddam Hussein dans les montagnes du nord de l'Irak, une position inattendue pour l'académicien réservé.

Mais son aptitude au combat et ses capacités intellectuelles ont forgé la réputation de cet homme marié, père de cinq filles. Selon ses partisans, ce seront des qualités précieuses dans l'arène politique irakienne profondément divisée.

"Il est à l'écoute des autres opinions, et ne vous impose pas la sienne", estime Khodr Massoum.

"Je pense qu'il aura du succès, car il a les capacités et les dispositions" pour présider le pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.