Page Précédente

Fillette kurde tuée par balle en 2018: un policier belge sera jugé pour homicide involontaire


Mercredi 8 juillet 2020 à 18h15

Bruxelles, 8 juil 2020 (AFP) — Un policier belge dont le tir avait mortellement blessé une fillette kurde de deux ans, en 2018 lors d'une course-poursuite en Belgique, comparaîtra devant un tribunal correctionnel pour homicide involontaire, a tranché mercredi la justice belge.

La décision, prise à l'issue d'une audience à huis clos par la chambre du conseil du tribunal de Mons (sud), a été confirmée à l'AFP par l'avocate des parents de la fillette, Selma Benkhelifa. Celle-ci réclamait un procès pour homicide volontaire devant une cour d'assises, mais ses arguments n'ont pas été retenus.

Le drame remonte à la nuit du 16 au 17 mai 2018, sur une autoroute de Wallonie, au sud de Bruxelles. Une camionnette transportant une trentaine de migrants pris en charge à Grande-Synthe (nord de la France) avait tenté d'échapper à vive allure à une voiture de police qui voulait l'intercepter.

Face au refus d'obtempérer, l'un des policiers avait sorti son arme par la fenêtre et visé, selon ses explications, "le pneu avant gauche" en doublant.

Mais un brusque coup de volant de son collègue avait dévié son tir vers l'habitacle de la camionnette, où Mawda, installée avec ses parents derrière le chauffeur, avait été touchée d'une balle dans la tête. Elle était décédée dans l'ambulance la transportant à l'hôpital.

Dans ce dossier, le policier auteur du tir, que son avocat Laurent Kennes dit "anéanti" par le drame, a été laissé libre.

Mais deux autres suspects, des Kurdes d'Irak, sont en détention provisoire en Belgique: le chauffeur de la camionnette et le passeur soupçonné d'avoir fait monter à bord les migrants.

Les deux hommes, inculpés notamment pour "entrave méchante à la circulation avec la circonstance aggravante du décès", seront jugés au côté du policier belge par le tribunal correctionnel de Mons. Le procès pourrait se tenir fin 2020.

Mercredi, Selma Benkhelifa a regretté "une qualification qui ne correspond pas à la réalité des faits" concernant le policier.

"En tirant vers la camionnette, il a délibérément mis en danger ses occupants, cela relevait de l'homicide volontaire", a affirmé l'avocate, une version jusqu'à présent contestée par les juges.

La petite Mawda a été enterrée à Bruxelles en juillet 2018. Ses parents bénéficient depuis février 2019 d'un droit de séjour en Belgique pour des raisons humanitaires.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.