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Fête de la République en Turquie, sur fond de problème kurde


Lundi 29 octobre 2007 à 12h49

ANKARA, 29 oct 2007 (AFP) — La République turque fêtait lundi ses 84 ans d'existence sur fond de menaces croissantes d'incursions dans le nord de l'Irak contre les camps des rebelles kurdes, dont une centaine seraient encerclés dans le sud-est de la Turquie, proche de la frontière irakienne.

La Turquie a été pavoisée de drapeaux rouge et blanc à l'occasion de la fête nationale qui marque l'anniversaire de la création de la République le 29 octobre 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, le "père des Turcs", sur les ruines de l'empire ottoman.

Des milliers de gens ont afflué au mausolée du fondateur de la Turquie laïque pour marquer leur unité face aux attaques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et la participation des ankariotes a été massive, selon les médias, à la traditionnelle parade militaire.

"La Turquie est fière de vous", ont crié les gens aux soldats qui défilaient, selon les chaînes de télévision.

Outre les cérémonies officielles, des manifestations populaires étaient organisées à travers le pays pour la huitième journée consécutive afin de dénoncer le PKK qui mène une lutte armée contre le pouvoir central turc depuis 1984.

Ces manifestations n'ont pas cessé depuis une attaque le 21 octobre des rebelles kurdes près de la frontière irakienne, qui a coûté la vie à 12 militaires. Huit soldats ont également été capturés lors de l'embuscade qui a accru la tension entre Ankara et Bagdad.

Depuis, l'armée a affirmé avoir tué plus de 60 rebelles.

L'éventualité d'une intervention contre les bases arrière des rebelles dans le nord de l'Irak s'est renforcée après l'échec vendredi de pourparlers à Ankara avec une délégation irakienne.

La Turquie lancera une opération "quand ce sera nécessaire", a averti samedi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui s'est montré excédé par les appels à la retenue des Etats-Unis.

Il devrait s'entretenir jeudi avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui fera escale à Ankara avant d'assister à Istanbul à une réunion des pays voisins de l'Irak vendredi et samedi. Le 5 novembre, M. Erdogan rencontrera le président George W.Bush à la Maison Blanche.

Washington veut éviter une déstabilisation du Kurdistan irakien mais la Turquie, impatiente, a massé des troupes dans le sud-est, à la frontière avec l'Irak, selon la presse.

Une correspondante de l'AFP a rapporté lundi que des hélicoptères ont pilonné certains secteurs en Turquie du mont Cudi qui sépare la Turquie de l'Irak.

L'agence Anatolie a rapporté de son côté qu'une centaine de militants du PKK ont été encerclés dans une zone montagneuse proche de la frontière irakienne.

La veille, les chaînes de télévision ont rapporté que 15 rebelles avaient été tués dans l'est, à Tunceli, à plusieurs centaines de km de la frontière irakienne.

Un soldat a été tué et un autre a été blessé dans ces combats alors qu'un troisième soldat a été grièvement blessé dans un incident séparé.

Les efforts diplomatiques pour éviter une incursion turque vont se poursuivre à la Conférence d'Istanbul, qui se tient au niveau des ministres des Affaires étrangères, et à laquelle devrait assister le ministre irakien Hoshyar Zebari.

Ce dernier a estimé que la crise avec la Turquie était "extrêmement sérieuse" et a reproché à Ankara d'esquiver une solution diplomatique.

Dans un entretien à la BBC télévision, M. Zebari s'est inquiété dimanche soir de la perspective d'une intervention de la Turquie contre les 3.500 rebelles du PKK, qui aurait "des conséquences désastreuses" pour la stabilité des deux pays et de la région.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.