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Explosion prématurée d'une bombe dans le Sud-Est turc: le PKK soupçonné nie


Mercredi 13 septembre 2006 à 12h57

DIYARBAKIR (Turquie), 13 sept 2006 (AFP) — L'explosion prématurée d'une bombe a tué dix personnes, dont sept enfants, et blessé 14 autres mardi soir en plein centre de Diyarbakir, chef-lieu du sud-est turc à majorité kurde, et les soupçons se portaient mercredi sur les rebelles kurdes qui ont nié toute implication.

La puissante déflagration, la plus meurtrière depuis le début de l'année et dans cette ville, a eu lieu à 21h00 (19h00 GMT) près d'un arrêt de bus, dans un parc de Baglar, dans le centre-ville de Diyarbakir, qui attire le soir de nombreux promeneurs.

Le bureau du gouverneur régional a annoncé que l'engin télécommandé et dissimulé dans un thermos avait explosé durant son transport, sans dire qu'elle était la véritable cible.

Un complexe abritant plusieurs unités de la police, situé à un peu plus d'un kilomètre de là est une cible potentielle.

La police a procédé à l'explosion controlée d'une dizaine de paquets suspects qui ne contenaient pas d'explosifs.

Les autorités n'avaient pour l'instant fait aucun commentaire sur les auteurs de l'attentat, dont l'un, déchiqueté, figurerait parmi les tués, a-t-on indiqué de source proche du dossier. Mais la police soupçonne les rebelles séparatistes kurdes du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou une organisation armée qui lui est affiliée, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), d'en être à l'origine.

Le PKK a rejeté cette hypothèse, affirmant ne pas être responsable du carnage qu'il a dénoncé, selon l'agence pro-kurde Firat, basée en Europe.

Parmi les morts se trouvent sept enfants, dont un bébé âgé d'un an.

10 blessés ont quitté l'hôpital après des soins qui leur ont été prodigués tandis que 4 autres blessés étaient toujours traités par les médecins, a-t-on indiqué de source médicale.

La police a lancé une vaste opération de sécurité après l'explosion qui a provoqué des dégâts matériels considérables aux bâtiments avoisinants, contrôlant les entrées et les sorties de la ville.

Diyarbakir, une ville d'environ un million (bien un million), est un des théâtres d'opérations du PKK qui préfère cependant affronter les forces de sécurité dans des zones reculées et non en ville.

Le maire de la ville, Osman Baydemir, a dénoncé une "provocation" visant la paix et appelé ses concitoyens au "bon sens" tandis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est dit consterné.

Les rebelles kurdes ont revendiqué cette année la responsabilité de 16 attentats à la bombe à travers la Turquie, qui ont notamment visé des stations balnéaires dans l'ouest, et dans lesquels 12 personnes sont mortes et 200 autres ont été blessées.

Ce nouvel attentat pourrait accentuer la pression sur le gouvernement de M. Erdogan, déjà vivement critiqué pour son incapacité à mettre un terme aux violences des rebelles.

Lundi, le principal parti pro-kurde du pays, le Parti pour une société démocratique (DTP), a appelé le PKK à un cessez-le-feu.

L'attentat a eu lieu quelques heures après l'arrivée à Ankara d'un envoyé spécial américain, le général à la retraite Joseph W. Ralston, ancien commandant suprême de l'Otan, venu discuter des moyens de contrer les rebelles kurdes du PKK réfugiés dans le nord de l'Irak, hors de portée de l'armée turque.

Au terme d'une rencontre avec des responsables turcs, le général a promis de rechercher des mesures "effectives" et "visibles" contre cette menace visant l'allié turc, sans préciser lesquelles.

Une rencontre entre le président américain George W. Bush et M. Erdogan est par ailleurs prévue le 2 octobre prochain à Washington sur ce sujet.

La Turquie a souvent reproché aux Etats-Unis de ne pas agir contre le PKK, qui utilise le nord de l'Irak comme base arrière pour des attaques dans le sud-est turc qui se sont intensifiées depuis le début de l'année.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.