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Explosion d'une bombe dans le Sud-Est turc: le PKK nie être impliqué


Mercredi 13 septembre 2006 à 18h49

DIYARBAKIR (Turquie), 13 sept 2006 (AFP) — L'explosion prématurée d'une bombe a tué dix personnes, dont sept enfants, et en a blessé 14 mardi soir en plein centre de Diyarbakir, chef-lieu du Sud-Est turc à majorité kurde, les soupçons se portant mercredi sur les rebelles kurdes qui ont nié toute implication.

La puissante déflagration, la plus meurtrière depuis le début de l'année et dans cette ville, a eu lieu à 21h00 (19h00 GMT) près d'un arrêt de bus, dans un parc de Baglar, dans le centre-ville de Diyarbakir, qui attire le soir de nombreux promeneurs.

Le bureau du gouverneur régional a annoncé que l'engin télécommandé et dissimulé dans un thermos avait explosé durant son transport, sans dire quelle était la cible présumée.

Ce pouvait être un complexe abritant plusieurs unités de la police, situé à un peu plus d'un kilomètre de là.

La police a procédé à l'explosion controlée d'une dizaine de paquets suspects qui ne contenaient pas d'explosifs.

Les autorités n'avaient mercredi fait aucun commentaire sur les auteurs de l'attentat, dont l'un, déchiqueté, figurerait parmi les tués de source policière. Mais la police soupçonne les rebelles séparatistes kurdes du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou une organisation armée qui lui est affiliée, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).

Le PKK a démenti être responsable de l'explosion, qu'il a dénoncée, selon l'agence pro-kurde Firat, basée en Europe.

Un groupuscule turc d'extrême-droite a revendiqué l'attentat sur un site internet, affirmant qu'il allait désormais tuer "dix Kurdes à Diyarbakir pour chaque martyr turc tué par le PKK dans l'Ouest".

Des sources proches de la police ont indiqué qu'elles ne prenaient pas au sérieux cette revendication.

"Ils essaient seulement de diffuser leur propagande et de faire connaître leur nom", ont déclaré ces sources à l'AFP.

Parmi les morts se trouvent sept enfants âgés de un à 16 ans, dont quatre enfants d'une même famille qui ont péri avec leur mère et leur tante.

Dix des 14 blessés ont quitté l'hôpital mardi, a-t-on indiqué de source médicale.

La police a lancé une vaste opération, contrôlant les entrées et les sorties de la ville, après l'explosion qui a provoqué des dégâts matériels considérables.

Diyarbakir, une ville d'environ un million d'habitants, est un des théâtres d'opérations du PKK qui préfère cependant habituellement affronter les forces de sécurité dans des zones reculées.

Le maire de la ville, Osman Baydemir, a dénoncé une "provocation" et appelé ses concitoyens au "bon sens" tandis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est dit consterné.

Les rebelles kurdes ont revendiqué cette année 16 attentats à la bombe à travers le pays, qui ont notamment visé des stations balnéaires dans l'ouest, et dans lesquels 12 personnes sont mortes et 200 autres ont été blessées.

Lundi, le principal parti pro-kurde du pays, le Parti pour une société démocratique (DTP), a appelé le PKK à un cessez-le-feu.

L'attentat a eu lieu quelques heures après l'arrivée à Ankara d'un envoyé spécial américain, le général Joseph W. Ralston, ancien commandant suprême de l'Otan, venu discuter des moyens de contrer les rebelles kurdes du PKK réfugiés dans le nord de l'Irak.

Au terme d'une réunion avec des responsables turcs, le général a promis de rechercher des mesures "efficaces" et "visibles" contre la menace du PKK.

Une rencontre à ce sujet entre le président américain George W. Bush et M. Erdogan est prévue le 2 octobre à Washington.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.