Page Précédente

Erdogan s'en prend au dirigeant de Chypre-Nord pour avoir critiqué l'opération en Syrie


Dimanche 13 octobre 2019 à 20h02

Istanbul, 13 oct 2019 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est vivement pris dimanche au dirigeant de Chypre-Nord qui avait émis une critique aussi rare que surprenante de l'offensive d'Ankara contre une milice kurde en Syrie.

"Je le dis d'une manière claire et nette : il a totalement dépassé les bornes", a taclé M. Erdogan, dans des propos rapportés par l'agence de presse étatique Anadolu.

La Turquie a lancé mercredi une incursion dans le nord-est de la Syrie contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde soutenue par les Occidentaux mais considérée par Ankara comme "terroriste".

Baptisée "Source de Paix" par Ankara, cette offensive, qui ouvre un nouveau front dans le conflit qui déchire la Syrie depuis 2011, a suscité un tollé international.

Mais Ankara ne s'attendait sans doute pas aux critiques de la part de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), qui est née de l'invasion de la partie nord de l'île par la Turquie en 1974 après un coup d'Etat visant à rattacher le pays à la Grèce, et qu'elle est la seule à reconnaître.

Selon la presse turque, le dirigeant de Chypre-Nord, Mustafa Akinci, a émis des réserves samedi soir sur son compte Facebook.

"Même si on appelle (l'opération) +Source de Paix+, c'est du sang qui coule, et non de l'eau", a écrit M. Akinci, appelant au "dialogue et à la diplomatie".

Les propos de M. Akinci, connu pour sa volonté de réduire la dépendance économique et diplomatique de Chypre-Nord vis-à-vis du "grand frère" turc, ont fortement déplu à Ankara.

"Le moment venu, nous lui apporterons la réponse appropriée", a déclaré M. Erdogan, sans préciser sa pensée.

Peu avant, le vice-président turc Fuat Oktay avait "fermement condamné" les propos de M. Akinci, ajoutant que les corps des soldats turcs tués lors de l'invasion de Chypre en 1974 devaient "se retourner dans leurs tombes".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.