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Erdogan au centre du jeu au sommet de l'Otan


Mardi 28 juin 2022 à 18h02

Madrid, 28 juin 2022 (AFP) — Obstacle à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan, le président turc Recep Tayyip Erdogan était au centre de toutes les attentions à Madrid au sommet de l'Alliance, qui veut le convaincre de lever son veto.

Avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, comme médiateur, l'homme fort d'Ankara rencontrait mardi après-midi à Madrid son homologue finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson, à quelques heures de l'ouverture formelle du sommet de l'Otan dans la capitale espagnole.

"Nous espérons faire des progrès sur l'adhésion de la Finlande et de la Suède" au cours du sommet, a déclaré M. Stoltenberg.

Si le chef de l'Otan a refusé lundi de "spéculer sur des délais spécifiques" quant au déblocage de la situation, un maintien du véto turc lors du sommet de Madrid pourrait êre considéré comme un revers cuisant pour l'Alliance.

M. Erdogan doit ensuite avoir deux entretiens bilatéraux mercredi avec le président américain Joe Biden et le président français Emmanuel Macron.

"Nous allons faire ce que beaucoup d'autres alliés ont fait, à savoir dire en public et en privé que nous pensons qu'il est dans l'intérêt de l'Alliance" que l'adhésion des deux pays nordiques "aboutisse", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

- F-16 -

Il a toutefois assuré que ce thème ne serait pas "l'élément central" de la discussion entre Joe Biden et son homologue turc.

"Le sujet le plus important est celui des F-16. Il est sur la table", a insisté M. Erdogan avant de partir pour Madrid, en référence aux avions de chasse commandés et partiellement payés par Ankara, mais dont Washington a suspendu le contrat de livraison après que la Turquie a acquis un système de défense russe S-400.

La dernière rencontre entre MM. Biden et Erdogan, après des mois de brouille entre Ankara et Washington, remonte au mois d'octobre dernier à Rome, en marge du G-20, le sommet des 20 pays les plus industrialisés.

La Turquie bloque l'adhésion de la Suède et de la Finlande car elle les accuse d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'elle considère comme "terroriste".

Elle dénonce également la présence dans ces pays de partisans du prédicateur Fethullah Gülen, soupçonné d'avoir orchestré une tentative de coup d'État en Turquie en juillet 2016.

- "Pas des mots creux" -

"Nous voulons des résultats, pas des mots creux", a martelé M. Erdogan avant sa rencontre avec les leaders de la Suède et de la Finlande.

"Notre principale attente à ce sommet est la solidarité inconditionnelle dont (l'Otan) peut témoigner. Nous appartenons à l'Alliance atlantique depuis 70 ans, la Turquie n'est pas membre de l'Otan par hasard", a-t-il insisté.

"Si la Suède et la Finlande doivent devenir membres de l'Otan, elles doivent prendre en compte les inquiétudes de la Turquie, il ne peut en être autrement", a-t-il poursuivi.

Avant la rencontre de Madrid, les deux pays nordiques ont fait état de "progrès" dans leurs discussions avec Ankara. "Les discussions d'hier (lundi) se sont mieux passées", a commenté le président finlandais, qui se disait néanmoins, "ni optimiste ni pessimiste à ce stade".

Pour sa part, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a dit se "préparer à quelque chose de positif", mais "aussi à ce que ça puisse prendre plus de temps", appelant à la "patience" et à "poursuivre les discussions même après le sommet".

Lundi soir, le président turc avait déclaré que la Turquie fournirait à Madrid "des documents et des images démontrant l'hypocrisie de nos interlocuteurs à l'égard des organisations terroristes kurdes, comme le PKK, les YPG, et FETO (le groupe Gülen)".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.