Page Précédente

Erdogan attaque Berlin et accuse un journaliste détenu d'espionnage


Vendredi 3 mars 2017 à 20h34

Istanbul, 3 mars 2017 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi l'Allemagne d'"héberger des terroristes" et affirmé qu'un journaliste germano-turc incarcéré en Turquie était un séparatiste kurde doublé d'un "agent allemand".

Ces déclarations au vitriol sont intervenues après que les autorités allemandes ont annulé trois meetings prévus en Allemagne en soutien à une réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs de M. Erdogan, qui doit être soumise à un référendum le 16 avril.

"Ils empêchent mon ministre de la Justice de parler, mon ministre de l'Economie de parler. Je devais moi aussi m'exprimer par visioconférence", a grondé M. Erdogan.

Accusant l'Allemagne de tolérer des rassemblements de séparatistes kurdes qualifiés par Ankara de "terroristes", M. Erdogan a déclaré que les autorités allemandes "devraient être jugées car elles aident et hébergent des terroristes".

A la suite de l'annulation des meetings pro-Erdogan, les dirigeants turcs ont multiplié les déclarations acrimonieuses contre Berlin, où le gouvernement fédéral se défend de toute implication dans des décisions prises par les autorités locales.

Les turbulences entre Berlin et Ankara, constantes depuis le putsch manqué de juillet en Turquie, ont viré à l'orage après l'incarcération mardi pour "propagande terroriste" du correspondant germano-turc du quotidien Die Welt en Turquie, Deniz Yücel.

Dans son discours vendredi, M. Erdogan a présenté M. Yücel comme un "représentant du PKK" -le Parti des travailleurs du Kurdistan, une organisation classée "terroriste" par Ankara-, et un "agent allemand".

La chancelière allemande Angela Merkel, qui avait critiqué l'arrestation de M. Yücel, a dit vendredi qu'il était "approprié de notre part de critiquer les atteintes à la liberté de la presse" en Turquie.

Le président turc est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, notamment depuis une tentative de putsch en juillet qui a été suivie de l'arrestation de plus de 43.000 personnes, dont de nombreux journalistes critiques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.