Vendredi 29 février 2008 à 21h39
ANKARA, 29 fév 2008 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi que la Turquie et l'Irak ne devaient pas permettre aux rebelles séparatistes kurdes d'"empoisonner" leurs relations bilatérales et a appelé Bagdad à coopérer pour chasser les rebelles du nord de l'Irak.
M. Erdogan, qui s'adressait à la nation turque dans une allocution télévisée, a exhorté les séparatistes kurdes à déposer les armes et a déclaré que la démocratie turque était "assez mûre" pour résoudre le conflit kurde.
Le Premier ministre intervenait quelques heures après l'annonce de la fin de l'opération menée pendant une semaine par l'armée turque dans le nord de l'Irak contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, veut obtenir l'autonomie de la région du sud-est de la Turquie majoritairement peuplée de Kurdes. Il dispose depuis longtemps de bases dans le nord de l'Irak depuis lesquelles il mène des attaques en Turquie.
M. Erdogan a lancé aux autorités de Bagdad un appel à la coopération. "Nous ne devons pas laisser la présence de l'organisation terroriste dans cette région empoisonner nos relations", a-t-il dit.
Le PKK "n'est pas seulement l'ennemi de la Turquie, mais aussi un ennemi de l'Irak, un facteur de déstabilisation et une menace pour la région", a poursuivi le Premier ministre turc.
"La Turquie et l'Irak doivent travailler ensemble pour se débarrasser de ce problème, il n'y a pas d'autre voie", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a assuré que le fait de chasser le PKK du nord de l'Irak permettrait de lever des obstacles sur le chemin de l'amélioration des relations politiques et économiques entre Ankara et Bagdad, et contribuerait à la prospérité de l'Irak.
"Nous voulons plus que n'importe qui que l'Irak soit en paix et stable"", a déclaré M. Erdogan.
Ankara accuse depuis longtemps les Kurdes d'Irak, qui disposent de l'autonomie dans le nord du pays, de tolérer le PKK et même de lui fournir des équipements militaires.
S'adressant aux rebelles du PKK, M. Erodgan les a appelés à déposer les armes.
"On ne peut arriver nulle part par la voie de la terreur. Vous ne pouvez rien obtenir de cette manière (...)", a déclaré le Premier ministre. "Abandonnez cette voie erronée (...) sans causer davantage de souffrances à vos mères et à vos pères", a-t-il lancé.
"Notre démocratie est assez mûre pour prendre en compte toutes les sortes de divergences, toutes les sortes d'opinions politiques tant qu'elles restent sur le terrain de la loi", a déclaré M. Erdogan.
Le Premier ministre a appelé l'importante minorité kurde de Turquie à chercher la satisfaction de ses revendications par la voie politique et a lancé un appel à l'unité.
"Si nous voulons nous débarrasser de la terreur, nous pensons que la porte de la politique démocratique doit rester ouverte, comme un moyen de rechercher (l'obtention de) droits et des solutions", a-t-il dit.
En revanche, la violence ne sera pas tolérée, a répété M. Erodgan. "Nous continuerons à combattre le terrorisme avec détermination", a-t-il dit.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.