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Erdogan accuse Paris et Berlin de ne pas aider la Turquie à lutter contre le PKK


Jeudi 27 septembre 2012 à 21h40

ANKARA, 27 sept 2012 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé jeudi soir la France et l'Allemagne de ne pas aider la Turquie à lutter contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et répété qu'il était prêt à rouvrir des négociations avec le mouvement séparatiste.

Lors d'un entretien télévisé accordé à la chaîne privée NTV, M. Erdogan a accusé, comme il en a l'habitude, les Européens d'accueillir et de protéger certains responsables du PKK sur leur territoire mais il a cette fois particulièrement mis en cause la France et l'Allemagne.

"Les Occidentaux ne veulent pas que nous réglions ce problème. Je le dis clairement, l'Allemagne ne le veut pas, la France ne le veut pas et elles ne nous aident pas sur cette question", a déclaré M. Erdogan.

"Les pays scandinaves accueillent sans restriction (le PKK)", a dénoncé M. Erdogan, "D'un côté ils s'expriment devant l'Union européenne et classent le PKK dans leur liste des organisations terroristes et de l'autre ils autorisent leurs représentants à circuler librement dans leurs pays", a-t-il déploré.

Comme il l'avait fait la veille sur une autre chaîne privée turque, Kanal-7, M. Erdogan a répété jeudi soir qu'il était éventuellement prêt à rouvrir des négociations avec le PKK. "Nous prendrons ce type de décision lorsque ce sera le bon moment (...) lorsque nous l'estimerons nécessaire", a-t-il indiqué.

Mercredi soir, le chef du gouvernement turc avait déjà évoqué la possibilité d'une reprise des discussions avec le PKK. "Si (des) entretiens nous permettent de régler quelque chose, faisons-le", avait-il dit, "nous sommes prêts à faire tout ce qui est nécessaire pour (trouver) une solution".

Arrivé à la tête du pays en 2003 avec la promesse de régler le conflit kurde, qui a fait près de 45.000 morts depuis 1984, M. Erdogan a engagé des négociations avec le PKK en 2009. Mais ces discussions ont achoppé en 2011.

Depuis, les combats entre rebelles du PKK et l'armée turque ont repris de plus belle dans le sud-est de la Turquie, pour atteindre, ces derniers mois, une de leurs phases les plus meurtrières.

M. Erdogan a indiqué mercredi que 144 membres des forces de sécurité et 239 rebelles kurdes avaient été tués depuis le début de l'année.

Le Premier ministre a une nouvelle fois indiqué jeudi soir que les opérations de représailles de l'armée ne cesseraient que si les rebelles déposaient les armes. "Nous les limiterons si le PKK dépose les armes", a-t-il dit.

Le chef de file des nationalistes au Parlement turc, Devlet Bahçeli, a dénoncé jeudi la volonté de M. Erdogan de dialoguer avec les rebelles, parlant de "folie impardonnable".

Le principal parti turc pro-kurde (BDP, Parti pour la paix et la démocratie) a appelé ces dernières semaines à la reprise des discussions avec le PKK pour éviter une escalade de la violence. Plusieurs de ses députés sont menacés de perdre leur immunité parlementaire pour avoir donné l'accolade à des sympathisants présumés du PKK.

"Je ne suis plus en situation de négocier avec les bras politiques (du PKK)", a dit jeudi soir M. Erdogan, qui s'est toutefois refusé à envisager la dissolution du BDP. "Je suis contre l'interdiction des partis", a-t-il assuré, "mais quiconque commet une faute doit en payer le prix".

Le parti du Premier ministre, le Parti pour la justice et le développement (AKP), tient son congrès annuel dimanche. La non-résolution du conflit kurde est considérée comme l'un de ses principaux échecs depuis son arrivée au pouvoir.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.