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Erbil: Bienvenue à "Dream City"


Jeudi 3 avril 2008 à 10h52

ERBIL (Irak), 3 avr 2008 (AFP) — Presque partout en Irak, l'allégresse née de la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003 a tourné au cauchemar. Mais à Erbil, capitale prospère du Kurdistan autonome, le rêve continue.

Sous protection américaine dès 1990, la région a profité de son indépendance de fait puis de son statut particulier après l'émergence d'un Irak plus fédéral en 2003, pour se développer.

Partout, dans le centre historique comme dans les quartiers périphériques, des bâtiments en construction. Maisons rectangulaires à un étage, bureaux aux vitrines clinquantes ou futurs centres commerciaux, Erbil est un vaste chantier.

En plein centre-ville, un cimetière multi-séculaire a cédé la place à de hauts immeubles encore en construction, carcasses de béton au sommet desquels des grues déposent des tonnes de matériaux.

Près de l'aéroport international, où les vols pour le Moyen-Orient et l'Europe sont quotidiens, une tour de béton s'élève vers le ciel. L'Empire Building, futur hôtel de luxe, sera avec ses 22 étages "l'immeuble le plus haut de tout le Kurdistan", selon ses promoteurs.

Des dizaines d'autres hôtels sont en construction, comme Erbil Park, un cinq étoiles qui promet des "chambres de rêve".

De larges panneaux publicitaires annoncent la réalisation prochaine de résidences cossues: "Dream city", "British village" ou "Royal City". Ces vastes "condominium" à la californienne, élevés sur une ex-base de l'armée de Saddam Hussein, proposent de luxueuses maisons individuelles à 250.000 dollars pièce.

Les cimenteries se comptent par dizaines dans et autour de la ville. Les blocs aux allures de HLM s'étendent à perte de vue dans la périphérie.

"Nous aimerions faire d'Erbil un nouveau Dubaï", souffle un guide pour touriste.

De l'ancienne citadelle millénaire qui domine Erbil, la vue offre un spectacle hétéroclite de minarets et toits de briques ocres perdus au milieu de tours de béton inachevées, d'immenses grues et antennes relais d'opérateurs de téléphonie mobile.

Les investisseurs étrangers, souvent turcs ou libanais, y sont accueillis à bras ouverts, les autorités voulant faire du Kurdistan "la porte d'entrée des hommes d'affaires en Irak", selon Falah Mohammad Bakir, responsable des relations extérieures au gouvernement kurde.

Indépendante de facto au sein d'un pays en plein chaos, la région affiche une insolente prospérité, en attendant les prochains revenus d'un prometteur secteur pétrolier en pleine expansion, avec pour objectif une production de 100.000 barils/jour.

Les dirigeants kurdes aiment à présenter leur région, avec ses 4 millions d'habitants, comme un "havre de paix et de stabilité".

Garants de cette "stabilité", les peshmergas ou combattants kurdes et autres services de sécurité, omniprésents, contiennent les violences à une cinquantaine de kilomètres plus au sud.

Les autorités se targuent d'avoir mis en place "une démocratie parlementaire vibrante", affirment que les libertés fondamentales sont assurées et que les minorités -notamment les chrétiens qui y ont trouvé refuge- y sont protégés.

Erbil "connaît cependant de gros problèmes d'approvisionnement en électricité, qui revient, avec le coût de la vie assez élevé et la corruption, en tête des préoccupations des habitants", selon un investisseur étranger.

L'incontournable Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région, Massoud Barzani, tient la ville mais coopère désormais, dans une logique d'intérêts bien compris, avec son ancien rival de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du chef de l'Etat irakien Jalal Talabani.

Au quotidien, les habitants d'Erbil jouissent d'une situation sans équivalent en Irak, et le contraste avec Bagdad est saisissant.

Les étudiants sont logés gratuitement dans de rutilantes résidences universitaires. Les habitants disposent de distributeurs bancaires, de jardins publics aux pelouses impeccables, d'un bowling, et même d'un parc aquatique.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.