
Dimanche 12 novembre 2006 à 08h34
ERBIL (Irak), 12 nov 2006 (AFP) — Epargné par la vague de violences confessionnelles qui secoue les autres provinces de l'Irak, le Kurdistan a établi des règles restrictives pour prévenir une vague d'arrivée de déplacés irakiens.
"Les familles arabes, chrétiennes, turcomanes ou même kurdes venant d'autres provinces, qui projettent de s'installer au Kurdistan, doivent trouver un garant résidant déjà dans la région", explique le commandant Hirche Khaled Aswahi, qui dirige le département des résidents à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien (nord).
Selon lui, le garant doit être un fonctionnaire du gouvernement local.
"Notre objectif est de préserver la sécurité du Kurdistan", épargné par les violences qui ensanglantent quotidiennement la majeure partie des autres provinces de l'Irak, affirme ce responsable.
"Aucun pays ne restreint le droit de ses propres citoyens à s'installer sur une partie de leur territoire, mais nous voulons assurer la sécurité dans notre région et lutter contre l'infiltration de terroristes", admet le commandant Aswahi.
Le nombre de familles déplacées au Kurdistan reste relativement faible, par rapport à l'ensemble des déplacés en Irak.
Selon le responsable, 2.054 familles kurdes, arabes et chaldéennes (chrétiennes) sont arrivées dans la région d'Erbil. Un millier d'autres se sont rendues à Souleimaniyah et à Dohouk, les deux autres grandes villes du Kurdistan.
D'après les chiffres publiés en octobre par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), quelque 754.000 Irakiens ont été déplacés par la violence dans ce pays depuis l'invasion américaine en mars 2003.
Près de la moitié d'entre eux ont dû fuir leur domicile au cours des huit derniers mois, à la suite de l'explosion des violences confessionnelles après la destruction, en février, du mausolée chiite de la ville sunnite de Samarra, au nord de Bagdad.
Ces départs affectent principalement le centre du pays. Les déplacés se rendent dans des zones majoritairement sunnites ou chiites, où ils sont le plus souvent hébergés par des proches.
Pour s'installer au Kurdistan, les déplacés doivent, outre justifier d'un garant, présenter leur demande avec un dossier familial. En cas d'obtention d'une résidence, elle doit être renouvelée tous les trois mois.
Tous les déplacés ne sont pas traités de la même manière. Ainsi, les médecins, ingénieurs ou universitaires n'ont pas besoin de chercher un garant. Ce sont leurs employeurs qui leur garantissent résidences et autres facilités, selon le commandant Aswahi.
Le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, a maintes fois appelé ces cadres supérieurs à venir s'installer au Kurdistan, à l'abri de la violence.
"Nous préférons qu'ils viennent avec leurs familles s'installer chez nous et servir leur pays, plutôt qu'ils aillent à l'étranger", a-t-il justifié.
Les autres, même s'ils ont des proches habitant le Kurdistan doivent en effet se trouver un logement et un travail.
"J'ai vendu tout ce que je possède à Zaafaraniya (sud de Bagdad) et maintenant j'ai loué une modeste maison pour ma famille, mais il n'est pas facile de trouver du travail", témoigne Abou Abbas, 45 ans.
"J'ai ouvert un salon de coiffure, où ma femme et ma fille travaillent avec moi, mais les revenus sont faibles", ajoute-t-il.
"Le loyer devient très cher, il atteint même 400 à 500 dollars par mois et certains propriétaires demandent six mois d'avance", affirme Fakher Hamoundi, qui dirige une agence immobilière à Erbil.
Mais pour Zakiya Ahmed Ali, Irakienne de 60 ans, qui a quitté al-Aziziya, localité chiite près de Bagdad, pour s'installer à Erbil, "la sécurité de mes enfants vaut plus que le commerce florissant que j'ai abandonné".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.