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Enfants de jihadistes détenus en Syrie: la justice administrative saisie par les familles


Mercredi 5 février 2025 à 11h16

Paris, 5 fév 2025 (AFP) — Des familles d'enfants de jihadistes, de nationalité française et détenus dans des camps kurdes en Syrie, en appellent jeudi à la justice administrative, espérant faire annuler les refus de rapatriement et contraindre la France à réexaminer leur situation.

Ces demandes formulées par des grands-parents, membres du collectif des Familles unies, concernent 29 enfants français, âgés de six à quinze ans, et détenus avec leurs mères dans le camp de Roj au nord-est de la Syrie, d'après la défense des familles.

Le plus jeune est né en détention dans le camp, où au moins 120 enfants français et 50 femmes sont détenus, selon les chiffres du collectif.

Toutes ces demandes de rapatriement ont été refusées courant 2024 par le ministère des Affaires étrangères.

Dans sa décision, consultée par l'AFP, le ministère s'est justifié en évoquant la situation en Syrie "extrêmement complexe et dangereuse (...) sur laquelle la France n'a aucun contrôle effectif" et où "les opérations de rapatriement sont extrêmement difficiles à mener".

L'annulation de ces refus ainsi que la demande de réexamen de la situation des 29 enfants formulée par les grands-parents seront débattues jeudi lors d'une audience au tribunal administratif de Paris.

"Il faut respecter l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui condamne la France, et aller très vite. C'est une région sensible qui est ciblée par la Turquie et nul n'est pas à l'abri d'une attaque. Quel sera alors le sort des enfants prisonniers?", a alerté Me Marie Dosé, l'une des avocates du collectif, sollicitée par l'AFP.

Plusieurs de ses membres se sont rendus l'année dernière en Syrie, notamment dans le camp de Roj où ils ont pu revoir pour la première fois depuis leur départ en Syrie leurs filles et leurs petits-enfants.

Ils y ont aussi constaté des conditions de vie "incompatibles avec le respect de la dignité humaine".

Six ans après la chute du "califat" du groupe État islamique (EI), des dizaines de milliers de femmes et d'enfants proches de jihadistes sont encore détenus par les forces kurdes syriennes alliées des États-Unis dans des camps où règne la violence.

La France a cessé à l'été 2023 les rapatriements collectifs après avoir mené quatre opérations en un an malgré plusieurs condamnations internationales dont celle en 2022 de la Cour européenne des droits de l'Homme.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.