Jeudi 6 avril 2006 à 17h32
ANKARA, 6 avr 2006 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fermement rejeté jeudi les critiques sur un usage excessif de la force policière lors des émeutes kurdes qui ont fait 15 morts en Turquie la semaine dernière.
L'armée s'est dans le même temps déclarée déterminée à éradiquer la rébellion séparatiste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont des militants ont abattu mardi cinq soldats et un policier dans le sud-est anatolien à majorité kurde, théâtre des principales émeutes.
"Nos forces de sécurité ont fait preuve d'une attitude de tolérance jamais vue dans les autres pays, au risque d'être tuées ou blessées", a déclaré M. Erdogan aux journalistes.
"Personne ne peut les accuser de cette manière et nous ne sommes pas obligés de répondre à chaque fois à ces accusations", a-t-il ajouté.
M. Erdogan était invité par les journalistes à commenter des informations selon lesquelles des membres du Parlement européen lui ont adressé une lettre condamnant la réponse jugée disproportionnée de la police lors de ces incidents.
La lettre menace en outre la Turquie d'une suspension des négociations d'adhésion entamées en octobre par Ankara avec l'Union européenne, au cas où elle ne respecterait pas les droits de sa communauté kurde.
"Très récemment, cinq militaires et un policier ont été tués. Ceux qui rédigent ces lettres doivent d'abord venir (en Turquie) et vivre ce qu'ils (les forces de l'ordre) endurent", a commenté le Premier ministre.
Les six membres des forces de sécurité ont été tués lors d'affrontements avec les rebelles séparatistes du PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'UE.
Les émeutes de la semaine dernière dans le sud-est, à majorité kurde, du pays, qui ont éclaté après les obsèques de membres du PKK tués par les forces de sécurité, étaient les plus violentes dans la région depuis au moins une décennie.
Plusieurs centaines de personnes scandant des slogans hostiles au PKK et brandissant des drapeaux turcs ont assisté jeudi dans l'ouest de la Turquie aux obsèques des soldats et du policier.
Plusieurs officiers de haut rang, dont le général commandant les forces terrestres Yasar Büyükanit, ainsi que de nombreux autres militaires ont pris part aux cérémonies, saluant les cercueils recouverts du drapeau turc.
Le général Büyükanit a promis que l'armée continuerait de combattre le PKK jusqu'à l'éradication du groupe.
"Nous continuerons notre combat avec détermination (...) Nous allons mettre un terme à ces souffrances", a déclaré l'officier, cité par l'agence de presse Anatolie. "Ces traîtres se verront administrer la punition adéquate".
Plusieurs membres de l'assistance ont appelé à l'exécution du chef du PKK Abdullah Öcalan, comdamné à la prison à vie et interné dans l'île prison d'Imrali (nord-ouest) depuis 1999.
"Ne le nourrissez pas à Imrali, pendez-le", ont-ils crié.
Plus de 37.000 personnes ont été tuées depuis que le PKK a lancé en 1984 une campagne armée pour obtenir la création d'une entité kurde séparée dans le sud-est de la Turquie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.