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Elections en Turquie, mode d'emploi


Dimanche 14 mai 2023 à 03h50

Istanbul, 14 mai 2023 (AFP) — La Turquie est appelée aux urnes dimanche pour désigner son nouveau président et renouveler son parlement. Mode d'emploi.

Primo-votants et observateurs

Quelque 64 millions d'électeurs (sur 85 millions d'habitants) sont inscrits.

Parmi eux, 3,4 millions qui ont déjà voté à l'étranger, et 5,2 millions de jeunes primo-votants qui n'ont connu que M. Erdogan et sa dérive autocratique depuis les grandes manifestations de 2013 et le coup d'Etat raté de 2016.

Des centaines d'observateurs sont déployés dans les 50.000 bureaux de vote ouverts entre 08h00 (05H00 GMT) et 17h00 (14h00 GMT), y compris dans les zones du sud du pays dévastées par le séisme du 6 février.

Le Conseil de l'Europe doit par exemple dépêcher 350 observateurs, en plus de ceux désignés par les partis, dont les 300.000 mobilisés par l'opposition.

En 2018, le taux de participation avait dépassé les 86%.

Duel entre deux camps

Quatre noms figurent sur les bulletins de la présidentielle: celui de Recep Tayyip Erdogan, 69 ans dont vingt au sommet de l'Etat, et chef du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur).

Face à lui Kemal Kiliçdaroglu, chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate et laïque fondé par Mustafa Kemal sur les ruines de l'empire ottoman). L'ancien fonctionnaire de 74 ans mène une coalition de six formations allant de la droite nationaliste au centre-gauche libéral.

Sinan Ogan, un ancien député d'extrême droite, est également en lice, crédité de moins de 5% des intentions de vote dans les dernières enquêtes d'opinion.

Un quatrième candidat, Muharrem Ince, s'est désisté jeudi, mais trop tard pour voir son nom retiré des bulletins.

Si aucun candidat n'obtient la majorité dimanche, un second tour aura lieu le 28 mai.

L'enjeu des législatives

Elles permettent dans un scrutin proportionnel de désigner les 600 membres de la Grande assemblée nationale, un parlement monocaméral au rôle éclipsé depuis la réforme constitutionnelle de 2017 et par le régime présidentiel fort qui en a découlé.

Le bloc formé par l'AKP de M. Erdogan et ses alliés du mouvement nationaliste MHP détient actuellement la majorité.

L'opposition ambitionne de lui ravir et même d'obtenir la majorité des deux tiers requise pour modifier la Constitution.

Une cohabitation est possible mais rendrait la gouvernance difficile.

Président jusqu'en 2028 ?

Le président ne peut théoriquement siéger que pour deux mandats de cinq ans.

M. Erdogan peut prétendre endosser pour la troisième fois la fonction suprême car il n'a pas été tenu compte du mandat effectué après sa victoire à la présidentielle de 2014 sous l'ancien système, après 12 années passés en tant que Premier ministre.

M. Erdogan, pourrait donc en théorie rester à la tête du pays jusqu'en 2028.

M. Kiliçdaroglu quant à lui a suggéré qu'il ne resterait qu'un seul mandat s'il est élu dimanche.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.